Ils·elles ont repris les ronds-points et le chemin des manifestations : les Gilets jaunes étaient à nouveau massivement présent·es.
Les violences policières et la répression judiciaire qu’ils·elles ont subies ne les auront pas découragé·es, et surtout, les raisons de leur colère sont intactes : un an plus tard, leur quotidien est inchangé et ils·elles dénoncent toujours les inégalités.
Une réalité confirmée par l’INSEE : les inégalités s’aggravent, la pauvreté touche désormais 14,7 % de la population, soit 9,3 millions de personnes…
Drames humains en cascade : des hommes et des femmes sont mort·es de travailler, les conditions de travail et le management les ont poussé·es au suicide. Un étudiant s’est immolé pour dénoncer la précarité et accuser les politiques libérales : oui, le capitalisme tue !
Pour dénoncer le libéralisme, pour rejeter ce système capitaliste qui accule à la misère, les peuples se soulèvent.
Partout, les forces au pouvoir répondent aux demandes légitimes de justice sociale par une répression et une violence inégalées. Impossible de savoir à combien s’élève le nombre de morts au Chili, des dizaines sans doute.
À Hong-Kong, après cinq mois de tensions, les affrontements font aussi des victimes. En Bolivie, la police tue sans hésitation. Et au Liban, en Irak, en Equateur, le déclencheur des colères (hausse du ticket de métro ou du carburant) renvoie aussi au besoin de justice sociale.
La réponse donnée par les gouvernements est à chaque fois identique : inflexibles quant aux revendications, ils répriment, cognent et tuent.
Le gouvernement français n’a rien à leur envier : après les morts et nombreux·ses blessé·es de l’an passé, Castaner poursuit son oeuvre et orchestre la gestion d’un « maintien de l’ordre » de plus en plus violent.
Macron enfouit la question sociale sous le tapis et fait diversion : la « société de la vigilance », assise sur la peur de l’autre et le principe de délation, installe impunément l’islamophobie dans les têtes. Il entérine « en même temps » une politique migratoire qui restreint encore l’accueil des migrant-es, il fait la Une de Valeurs actuelles, résolument tourné vers son électorat de droite.
Pourtant, malgré une communication huilée, il semblerait que la diversion échoue et que la question sociale s’invite dans le paysage. Les rassemblements (après le suicide de notre collègue, le geste de l’étudiant) ont témoigné de la solidarité et des revendications de nous toutes et tous qui crions « plus jamais cela ».
Partout, les mobilisations s’intensifient : les personnels de santé ont manifesté pour alerter sur leurs conditions de travail, d’autres pour dénoncer le projet de retraites du gouvernement. Les cheminot·es ont bloqué dépôts et engagé un bras de fer avec la direction de la SNCF. Des secteurs se joignent à l’appel interpro du 5 décembre, font grossir le nombre des appelants.
La colère gronde, la mobilisation monte. Déjà, il y a dissonance parmi les membres du gouvernement, déjà les discours contradictoires témoignent d’une fébrilité au sujet de l’application de la réforme : la « clause du grand-père », censée désamorcer la mobilisation, est la preuve que cette réforme, tout compte fait, n’est ni urgente, ni nécessaire…
Le 5 décembre, l’appel interpro à la grève va permettre de réunir toutes ces colères et de faire converger ces luttes pour un « tous·tes ensemble » qui doit nous aider à reprendre la main. Un 5 décembre massif, puissant est absolument nécessaire.
Nécessaire, indispensable… mais pas suffisant. Pour gagner contre ce gouvernement, nous avons besoin d’une mobilisation qui s’inscrive dans la durée, puissante et ascendante. Organisons partout, en assemblées générales et sur les lieux de travail, la reconduction de la grève ; portons aussi la nécessité de l’articuler avec d’autres modalités (le samedi par exemple) afin de rassembler le plus grand nombre dans des manifestations gigantesques (pourquoi pas le « Macronthon » ?). La généralisation de la grève et de la mobilisation est notre objectif, pour gagner. Maintenant.
VÉRONIQUE PONVERT
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