Marc Rollin (BN, Lyon)
Adissiatz a totas e tots.
Bonjour à toutes et tous.
J’interviens sur la fiche 8 consacrée à l’oral. Comme je l’ai expliqué hier en commission, le travail des rapporteur·es a permis d’arriver à une synthèse qui tente de prendre en compte la complexité de l’oral, objet de nature différente selon les disciplines, qui a besoin d’être ancré dans les programmes, et peut-être aussi dans une perspective interdisciplinaire parfois, sachant que le contexte actuel est peu propice à son développement de manière qualitative. C’est pourquoi son enseignement et ses contours méritent d’être circonscrits afin que nos écritures ne contraignent pas trop pour la suite de notre réflexion.
Les amendements que nous avions déposés, sur les paragraphes 84 à 87, n’avaient que cet objectif : nuancer quelques formulations pour prendre en compte la complexité de cet objet, à ce stade initial et général de la réflexion. Ils consistaient seulement en la suppression de quelques mots. Les modifications faites par les rapporteur·es nous permettront sans doute de retirer l’ensemble de nos amendements sur cette fiche.
Cependant, si on envisage de poursuivre le travail sur l’oral, il faudra qu’on se penche sur une didactique de l’oral, champ de recherche peu développé en France. Ce faisant, il nous faudra trancher entre, d’un côté, des oraux mal pensés, comme le Grand Oral dont on demande la suppression sans remplacement pour le moment au paragraphe 32 car il faut qu’on se débarrasse de cet objet didactique non identifié, symbolique de l’ère Blanquer et de sa conception de l’éducation, avant de rendre une place légitime à l’oral et, de l’autre, un enseignement-apprentissage d’une « parole politique », celle qui devrait être enseignée dans une perspective de formation de citoyen·nes responsables et critiques.
Or, dans la fiche 6, sur l’apprentissage à la citoyenneté, on n’a pas pensé à pointer cet outil, si nécessaire à l’argumentation et l’explication, mais dont on sait combien il engage le corps et « la face », dimension absente de notre texte, alors que pour les élèves cet élément peut être très important.
Ensuite, dans une visée inclusive, une fois l’oral souhaité défini, il restera à déterminer comment on enseigne l’oral ou les oraux à des élèves aux profils hétérogènes en temps de restrictions budgétaires donc d’effectifs pléthoriques.
Enfin, il faudra se pencher sur la place de l’oral dans la sphère sociale car l’oral en classe est percuté par les discours qui existent à l’extérieur de celle-ci mais aussi par le statut et l’usage des langues, qu’elles soient étrangères ou régionales. En effet, entendre de l’occitan dans le tram, ce n’est pas la même chose que l’entendre dans les médias, à l’école ou dans la rue.
Ainsi se dessinent trois orientations pour notre réflexion sur l’oral : les aspects sociaux, le rapport à l’Autre et la médiation car pour agir dans tous les milieux sociaux, il faut développer une capacité de communication chez les apprenant·es.
Le chantier est donc immense et revêt des enjeux de démocratisation sociale et scolaire. Ensemble, construisons un oral pour toutes et tous, un oral de toutes et tous ! Un oral accessible et émancipateur. Celui qui peut faire sortir de sa classe, loin des concours d’éloquence et des oraux de sélection de certaines grandes écoles. Un oral, outil d’égalité scolaire et sociale.
Merci.