Le Snes vient de tenir son congrès national à quelques mois du congrès de la FSU. Les craintes et inquiétudes développées en amont par l’Ecole Emancipée y ont été confirmées, notamment sur le plan fédéral.
Quelques mois avant la FSU, le SNES a tenu son congrès national. Dans le dernier numéro de la revue, nous faisions un bilan des textes proposés et de nos inquiétudes avant le congrès. Celui-ci a confirmé nos craintes. Le SNES, en cette fin d’année, ne prend pas la bonne direction. L’Ecole Emancipée s’est battue pour un syndicalisme offensif basé sur les luttes possibles et sur les mobilisations des collègues.
Toujours « fâchée » par sa « défaite » sur la signature du protocole d’accord sur les non-titulaires, la direction UA portera au congrès de la FSU des mandats clairement anti-fédéraux et des changements de statut.
Non seulement, le mandat du précédent congrès du SNES a été réaffirmé sur le décompte des abstentions lors de tous les votes, mais surtout, l’essentiel du débat a porté sur la règle des 70 %. A une très grande majorité, le congrès a voté la demande de suppression de cette règle dans deux cas : la décision de signature d’un accord avec le gouvernement et l’approbation d’un texte inter-syndical lorsque celui-ci n’est plus amendable. Cela n’est pas rien, car les discussions inter-syndicales concernent le plus souvent les modalités d’action. L’équilibre de la fédération, entre les différents syndicats, quelles que soient leur importance numérique mais aussi leur influence dans leur champ de syndicalisation, est en jeu. Cette volonté de revenir à un fonctionnement de type majoritaire, où la tendance dominante s’impose sans les autres, s’oppose aux dynamiques qui ont présidé à la construction même de la FSU.
En outre, la majorité UA a intégré dans le texte, le principe d’« un syndiqué, une voix » : « Le SNES qui représente 39,5 % des syndiqués, représente 7 % des voix dans la partie du BDFN réservée aux syndicats nationaux. La composition du BDFN doit être revue dans le même esprit que celle du CDFN. ». L’objectif est bien de renforcer le poids du SNES dans la fédération, au détriment de syndicats tout aussi légitimes dans leur milieu, mais moins importants numériquement, et de toutes les autres composantes (SD, tendances).
Méfiance pour le fédéral…
Des mandats particulièrement inquiétants à la veille du congrès fédéral, comme le refus absolu de faire référence à la fédération dans le texte action qui prévoit des Etats Généraux à l’automne, centrés sur le seul second degré. Les amendements que nous avons proposés pour que cela soit d’abord évoqué dans la FSU, ont été repoussés tout en obtenant plus de 30 % des voix.
Plus, cette méfiance à l’égard de la fédération est très partagée dans le syndicat. Seules deux académies ont mené le combat avec l’EE : Créteil sur le rôle essentiel du triptyque et Orléans sur le vote à 70 %.
L’Ecole Emancipée a appelé donc à voter contre le texte du thème 4, sans rassembler au delà d’elle même et d’Emancipation.
Le congrès a adopté à la fin de ses travaux deux textes. Le premier est un appel pour un plan d’urgence qui ne concerne donc que le second degré. Le second texte porte sur l’action mais ne donne aucun moyen pour imposer ce plan d’urgence : quid de la construction d’un rapport de force avec le futur gouvernement pour faire de ce plan une réalité à la rentrée ? Le congrès a refusé notre amendement pour une journée d’action en mai afin de préparer une grève à la rentrée… aucune autre action que ces Etats Généraux n’est donc prévue. L’Ecole Emancipée reviendra évidemment sur cette question lors du Conseil National de juin.
Des améliorations…
Le texte de départ du thème 1 (politique éducative) était particulièrement indigent et révélait l’absence de projet éducatif porté par la direction UA. Si certains amendements adoptés en congrès académiques comportaient des régressions inquiétantes (retour à différents parcours au sein du collège, par exemple), le texte final, enrichi notamment par les amendements EE, a évolué en positif. Néanmoins, il n’a pas convaincu. Le SNES peine, en effet, à s’extraire du contexte et se contente d’aménager à la marge des réformes, sans réellement s’affranchir de cette école capitaliste. L’EE a demandé la dissociation de la partie lycée, qui rappelait l’attachement du SNES aux trois voies différentes. Au final, c’est inquiétant sur les capacités du SNES à rassembler les collègues et surtout à lutter pour imposer une école alternative.
Le thème 2 (missions et statuts) peu offensif et très touffu a été clarifié (sur l’autonomie, les ENT) et parfois renforcé (sur les ECLAIR, sur l’évolution vers un corps unique, sur la titularisation des non-titulaires), mais ces avancées restent fragiles et la rupture persiste sur la formation des maîtres. Le congrès s’est doté de mandats d’étude (rôle du chef d’établissement, évaluation des enseignants) dans lesquels l’EE prendra toute sa place. Au final, l’EE a pris en compte les avancées en votant le thème moins sa partie 4 sur la formation des maîtres sur laquelle UA n’a pas bougé.
Le thème 3 (alternatives économiques, sociales et environnementales) n’a pas suscité de problème majeur : des débats riches, quelques avancées (sur le nucléaire, notamment, et sur la caractérisation du capitalisme), quelques points de blocage (droit de vote des étrangers à toutes les élections) mais dans l’ensemble, un thème plutôt progressiste qui a emporté une très large majorité des voix du congrès.
Des raisons d’espérer…
Ces raisons tiennent d’abord à l’Ecole Emancipée et à sa place dans le congrès.
64 délégués venu-es de 23 académies et 35 départements. Rares étaient les académies qui n’étaient pas représentées. Sur ces délégué-es, presque la moitié faisait son premier congrès, plus de 40 n’en avaient pas fait plus de deux. La moyenne d’âge s’établissait à 43 ans et 20 % avaient moins de 35 ans. Surtout, la parité était strictement respectée. Une délégation jeune, féminine et diverse… Malgré le manque de temps pour se réunir en tendance, le fonctionnement collectif a permis de très nombreuses interventions EE. Nous avons marqué le congrès par notre présence et par notre capacité à peser sur les débats. Nos formulations ont été souvent retenues et nous avons proposé des amendements en commun avec des S3. Sans changer certains textes sur le fond, cela marque une évolution significative.
Le vote à 60,5 % (trop peu pour une modification statutaire) de notre proposition d’inscrire dans les statuts la féminisation des directions syndicales est une autre raison d’espérer… une évolution notable par rapport au passé où nos propositions étaient rejetées en bloc par UA
Ce congrès renforce la double nécessité pour l’Ecole Emancipée d’intervenir activement dans le SNES : parce que l’orientation majoritaire est, dans bien des domaines, mauvaise et parce que nous intéressons de jeunes militant-es par une orientation cohérente, en prise avec le réel.
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L’équipe nationale EE-SNES