L’Education Nationale n’a jamais été aussi percutée par les contre-réformes libérales que depuis ces dernières années, des attaques tous azimuts mais qui ont une cohérence redoutable : des restrictions budgétaires à la loi Fillon et à la révision des décrets de 50, en passant par la décentralisation et la LOLF, … Cette mutation de l’école est un défi redoutable pour le syndicalisme qui joue là sa crédibilité en tant qu’outil au service des personnels et de défense du service public d’éducation. Dans un contexte difficile, marqué par l’échec de la grève de 2003 et l’intransigeance des gouvernements successifs, quel syndicalisme nous faut-il ?
Il nous faut un syndicalisme qui continue de s’appuyer sur les luttes, et sur les secteurs les plus mobilisés : la grève du 18 décembre a montré que les capacités de résistance ne sont pas mortes, qu’au contraire le syndicat doit être moteur de mobilisation. Celle-ci est toujours inégale selon les lieux, mais il revient au Snes, syndicat majoritaire, d’être présent là où l’action se mène, et de travailler à l’élargissement de la mobilisation. Les attaques libérales ont cela de particulier qu’elles isolent chaque établissement dans une situation spécifique, cela s’est vu notamment sur les remplacements Robien, ou sur le conseil pédagogique en lycée. Cette situation rend encore plus impérieux le besoin de mots d’ordre clairs et fédérateurs pour faire converger des actions souvent disparates voire isolées. Sur le budget et les DHG, la colère monte à nouveau, le Snes doit susciter des AG de personnels, y être présent es–qualité, marcher main dans la main avec les collègues qui se sont déjà mis en grève.
Il nous faut aussi un syndicalisme qui sorte d’une vision catégorielle étroite : les attaques sur la hors classe, où sur les heures de première chaire, de labo etc. … sont d’autant plus faciles à mener pour le gouvernement, qu’elles ciblent une partie seulement des personnels. Ce qui paraissait être des avantages acquis, catégories par catégories, situation par situation, en terme de salaire où de conditions de travail, se retourne contre tous les personnels, car ces « avantages » sont plus faciles à démanteler qu’un droit général à la baisse du temps de travail par exemple, où une revalorisation du point d’indice. Sans rien céder de ce que nous avons acquis, nous avons plus que jamais besoins de revendications générales, unifiantes, en terme de salaires, d’emploi et de conditions de travail.
Marie Cécile Périllat, Ecole Emancipée