La prochaine rentrée en SEGPA et EREA se fera dans de mauvaises conditions pour nombre de départements.
Dans certains d’entre eux, l’enseignement adapté y est même considéré comme un simple réservoir de postes.
Cela ne peut qu’accentuer la relégation des élèves les plus fragiles et faire reculer la lutte contre l’échec scolaire.
Fermetures de divisions et de structures, augmentation des classes à doubles niveaux, fermetures de 6ème et volonté de DASEN de remettre en cause des orientations, directions de SEGPA vacantes regroupées, absence de départs en formation F ou en DDEEAS.
Il convient d’ajouter à ces mesures négatives, la volonté du ministère de revoir à la baisse le paiement des heures de coordination et synthèse.
Oublié-es des évolutions salariales, oublié-es des avancées statutaires, les enseignant-es de SEGPA subissent des discriminations salariales depuis plusieurs années : paiement d’HSE à 66 %, pas de versement de l’ISOE, ni de l’ISAE, opacité des règlements des heures de synthèses, voire même suppression d’heures d’enseignement dans la SEGPA…
**Un hommage en forme…
Cependant, le ministère ne reste pas inactif sur la question des SEGPA ainsi lors de l’année scolaire dernière, il les a remises à l’ordre du jour.
Depuis 2009, année de la dernière circulaire, les personnels de SEGPA n’avaient plus eu leur place dans les débats ministériels. En novembre 2013, le rapport de l’Inspection Générale réaffirme la place prépondérante de cette structure dans le collège pour faire réussir les élèves en difficulté scolaire.
Et ce tant que le collège unique ne pourra répondre à cette problématique.
Suite à ce rapport, le ministère a tenu plusieurs groupes de travail sur la structure, l’orientation des élèves, GT auxquels a participé la FSU avec ses syndicats : SNES, SNEP, SNPI, SNUEP et SNUIPP.
Un projet de circulaire sera proposé en septembre-octobre 2014.
Durant ces GT, la DGESCO, en s’appuyant sur une préconisation du rapport de l’IG, indique, fidèle à la logique de démanteler ce qui fonctionne, que la 6ème SEGPA peut être transformée en dispositif d’inclusion.
Les élèves, en fin d’école primaire, seraient orienté-es en classes ordinaires et c’est seulement à l’issue de la 6ème qu’ils-elles pourraient être orienté-es ou pas en SEGPA selon les conclusions des équipes pédagogiques.
Durant l’année scolaire, ils-elles seraient retiré-es de leur classe pour des heures de soutien. Plutôt que de construire un parcours de collégien, on stigmatise des élèves en difficulté qui ont déjà souffert à l’école primaire.
Cette préconisation devient effective dans le Pas de Calais où s’ouvrent 4 dispositifs d’inclusion sans que la majorité des personnels y soit favorable.
Dialogue social quand tu nous tiens ! À l’inverse, la FSU défend l’inclusion quand elle part de la classe de SEGPA vers une classe ordinaire où elle a tout son sens pour faciliter les apprentissages.
Personne ne peut être dupe de la volonté ministérielle de faire des économies sur les dos des SEGPA et de leurs personnels mais aussi de privilégier les 50 milliards de réductions de dépense publique au détriment d’une lutte efficace contre l’échec scolaire.
La responsabilité de la FSU est clairement engagée et elle doit s’opposer à ce démantèlement larvé des SEGPA. Une des principales difficultés que nous rencontrons réside dans le souhait de camarades de la FSU de privilégier l’inclusion coûte que coûte dans les classes au détriment de l’adaptation scolaire.
Cette confusion entre handicap et difficulté scolaire n’est pas acceptable.
La FSU a rappelé lors des groupes de travail son opposition au dispositif d’inclusion.
**Être vigilant-es dès la rentrée
En septembre 2014, se tiendront de nouveaux groupes de travail sur l’orientation post 3ème et sur les personnels.
Puis, le ministère proposera sa circulaire. Il sera temps à ce moment pour la FSU de réfléchir aux mobilisations nécessaires, unitaires si possible, à construire si le projet s’apparente à un énième renoncement gouvernemental d’une école de la réussite de tous.
Pour mémoire, la dernière victoire des personnels de SEGPA fut de passer de 24h à 21h devant élèves. Cela n’avait été possible qu’après des journées de grève unitaire et une montée à Paris.
Les enseignant-es avaient répondu favorablement aux mobilisations initiées principalement par la FSU. Il faudra donc veiller à ce que la FSU poursuive son approche fédérale notamment dans l’élaboration des mandats.
La question des SEGPA et de la lutte contre l’échec scolaire ne concernent pas que les élèves et leurs familles mais aussi tous les personnels de l’éducation nationale !
Il est urgent de poursuivre le débat dans les salles de prof et des maîtres, à la rentrée, afin de revendiquer collectivement le maintien, un avenir et des moyens pour cette structure. ●
Bernard Valin