Les origines de la crise du recrutement
Entre 2004 et 2011, le nombre de candidats présents aux concours externes a été divisé par trois. Cette baisse s’est aggravée en 2011, où, de plus, 826 postes n’ont pas été pourvus pour le seul CAPES. La session 2012 ne s’annonce pas plus reluisante.
Cette crise est la conséquence des effets conjoints des suppressions de postes, de la hausse du niveau d’études non financée, de la baisse du nombre de postes aux concours, de la dégradation concrète et symbolique du métier. Le ministère, en outre, a détruit le potentiel de formation des enseignants en prétendant déléguer la didactique des savoirs aux universités.
L’entrée dans le métier par la précarité
Le pire étant toujours possible, le ministère répond à la crise du recrutement en utilisant les étudiants sur statut de contractuels, comme moyens d’enseignement avec des masters en alternance, où les stages en responsabilité présentés comme une formation professionnalisante sont obligatoires pour la validation du diplôme. Ou comment obliger tous les futurs collègues à passer par la case «contractuel» avant le concours ! Le projet va plus loin encore avec les masters en apprentissage qui ouvrent aux conseils régionaux la voie du recrutement. De l’externalisation de la formation à celle du recrutement, l’écart n’est pas bien grand que l’Etat employeur veut toujours plus réduire.
Demain, tous contractuels ?
Pourtant un mode de recrutement ne connaît pas la crise : celui par contrat qui concerne 2100 précaires à la rentrée 2011 dans la seule académie de Créteil. Combien à la fin de l’année scolaire ? Et sur tout le territoire ? Cette crise du recrutement par concours est sciemment entretenue par le ministère : étrangler l’accès au concours pour embaucher massivement des contractuels et contourner le statut. Les raisons d’être du concours – discriminer les candidats et recruter au niveau national le nombre nécessaire d’enseignants – sont percutées par des dispositifs concurrentiels pour le remplacer : un master qui prétend former professionnellement les futurs enseignants avant le concours et un recrutement par contrat au niveau académique.
Cette volonté politique d’en finir avec le concours national, clé de voûte du statut de fonctionnaire et des services publics est un véritable changement de paradigme. Nous devons nous doter de mandats pour résoudre cette crise des recrutements et redonner force au service public d’éducation. L’un n’ira pas sans l’autre.
Céline.