Au lendemain d’une séquence qui a fortement remis en question les choix politiques en cours et qui a vu naître une mobilisation sans précédent, tant sur la durée que sur la forme, dépassant largement le champ des organisations traditionnelles ; après avoir assumé le choix d’utiliser la violence policière pour réprimer systématiquement toute forme de contestation et délégitimer tout autre point de vue que le sien, voilà que le président Macron aborde la deuxième partie de son quinquennat sous le signe de la concertation et du dialogue. Il entend par là renouer naturellement un lien avec la population, supposément distendu en raison d’un déficit de clarté sur les choix engagés.
Les ficelles sont un peu grosses… le passif aussi. La pseudo consultation AP 2022 sur la transformation du service public et ses résultats tronqués sont encore dans les mémoires. Pour n’avoir été qu’un simple affichage et soulevé des doutes sur l’honnêteté de la méthode, elle aura aussi surtout conduit à conforter l’attachement de la population à ses services publics et à en libérer l’expression. Le mouvement des Gilets jaunes en est l’exemple.
Aujourd’hui Macron voit les choses en grand et charge les ministères de renouer le dialogue. Avec les partenaires sociaux pour réformer les retraites, avec les représentant-es des collectivités territoriales pour lancer un nouvel acte de décentralisation, avec les enseignant-es pour gagner la confiance sur l’école… C’est dans cette logique que Blanquer reçoit les représentant-es des organisations syndicales, dont le SNUipp-FSU. Après une fin d’année scolaire chahutée sur le projet de loi et l’organisation des épreuves du bac, de laquelle il ressort diminué, il devient naturellement nécessaire de défaire les nœuds qui pourraient empêcher d’avancer… au rythme qu’ils ont choisi.
Or ne nous trompons pas sur le ton employé, même si les artifices peuvent le rendre séduisant. Si le ministre semble vouloir privilégier la concertation, interrogeons-nous sur sa nature. La promesse de rencontres plus fréquentes, d’organisation de cycles de travail ou de partage de documents ne nous feront pas entrer dans un nouveau contexte plus favorable. Il ne s’agit pas aujourd’hui de se méprendre sur le dialogue social qui a rarement été à la hauteur des attentes et de l’engagement qui y ont été portés. Voire même de se leurrer sur ce que nous avons à y gagner, pour la profession comme pour le syndicalisme.
Quand, dans le même temps, les attaques contre le paritarisme se multiplient et les prérogatives des instances de concertation vont être réduites, cette soudaine appétence pour le dialogue et la consultation sonne comme un pied de nez. Cela ne doit pas nous leurrer sur ce qui est en train de se jouer et sur l’opération de séduction en cours.
Le SNUipp-FSU, avec la FSU, sont la principale force d’opposition à l’orientation de Blanquer pour l’école et ses personnels. Pour gagner des reculs, nous n’avons d’autre option que de mobiliser largement, seule la construction d’un rapport de force nous permettra d’obtenir l’ouverture de négociations et d’avoir l’ascendant sur la concertation.