Les mobilisations citoyennes qui ont eu lieu les week-end dernier pour préserver l’eau en tant que bien commun ont été le théâtre de violences sans précédent dans notre département.
Déjà une semaine avant les dates de mobilisation, la ville de Melle, accueillant une partie des festivités du week-end a été mise sous embargo par une présence policière complètement disproportionnée. Pas un carrefour n’était laissé libre de gendarmes et les contrôles ont été particulièrement pesants pour la population, instaurant de fait un climat de défiance et un malaise. Le ridicule des dispositions prises encore une fois par la préfète des Deux-Sèvres aurait pu prêter à sourire si elles n’avaient été à l’origine de la montée du climat de tension qui a abouti aux violences que l’on connaît. Toute la semaine des gendarmes sont passés dans les commerces, enjoignant les propriétaires de protéger leurs vitrines. Dès le vendredi, toutes les banques étaient barricadées avec l’impossibilité de retirer de l’argent. Ces dispositions tranchaient complètement avec le climat respectueux et serein qui a prévalu dans l’organisation de la mobilisation. Aucune agressivité de la part des bénévoles qui ont afflué depuis toute l’Europe, malgré les très nombreux contrôles qu’ils ont subi. Il n’était pas rare de voir sur le bord des entrées de ville des camions arrêtés, chargement déballé sur le trottoir par des gendarmes peu précautionneux.
Le vendredi soir, les organisateurs goûtaient le plaisir d’avoir pu installer un campement aux abords de la bassine, et d’avoir pu braver l’interdiction de circuler pour les tracteurs de la confédération paysanne, très impliquées dans l’organisation de ce week-end. Tout cela toujours dans un climat respectueux et sans violences. À moins que la désobéissance civile ne soit désormais considérée comme une violence.
Le Samedi 25 mars, jour annoncé de mobilisation sur la commune de Ste Soline, des milliers de manifestants ont rejoint la manifestation pourtant interdite par la préfète. Ce sont 3 cortèges qui ont convergé avec pour but d’entourer la méga bassine, d’y faire une chaine humaine. Acte symbolique de réappropriation de l’eau en tant que bien commun. Les cortèges qui grossissaient à vue d’œil et ont pu avancer sans encombre jusqu’aux abords de la méga bassine. Cortèges joyeux et hétéroclites, composés d’hommes, de femmes, d’enfants, de personnes agées, et même d’au moins deux personnes en fauteuil roulant.
L’absence de barrages le long du cortège n’était pourtant pas très rassurant.
En effet, arrivés au niveau de la bassine nous avons pu découvrir les dispositif totalement ahurissant mis en place par l’état pour protéger un trou vide. Ribambelle de camions de l’armée et de camions de CRS à touche touche, canons à eau, et un nombre terrifiant de gendarmes en armure de robocop.
Le premier cortège arrivé au niveau de la bassine s’est fait allègrement gazer direct. La totalité des manifestants a pourtant continué de s’approcher afin de faire la chaine humaine. Le déferlement d’armes, bombes, gaz lacrymo dont nous avons été arrosé était vraiment énorme et démesuré. La scène est très vite devenue surréaliste. Les blessés augmentaient de minute en minute et l’arrivée de gendarmes en quad a fini d’instaurer la peur chez les manifestants. Ils ont délibérément tiré sur les manifestants à l’arrière du cortège, sans aucun distinction et en direction des blesses de plus en plus nombreux. Je vous passe les détails des blessures infligées, et de l’entrave faite sciemment par les forces de l’ordre pour permettre l’intervention des secours. vous en avez certainement toutes et tous entendu parler, C’est tout simplement révoltant .
Au moment où la manifestation a décidé de se replier en direction du campement, afin de pouvoir soigner les blessés mais aussi pour mettre en sécurité les gens, les gendarmes continuaient à nous arroser de gaz lacrimo et autres munitions.
Les médias se sont bien entendu fait écho de toutes ces scènes d’une violence terrible, mais ce qu’ils ne disent pas, c’est que sur le chemin de la manifestation, ce sont plusieurs milliers d’arbres qui ont été symboliquement replantés par les manifestants, la ville de Melle a accueilli des débats, des tables rondes, pour echanger et discuter ensemble de ce que nous voulons pour l’avenir de ce bien qui sera demain si précieux, l’eau. Des artistes sont venu témoigner leur soutien à la cause en offrant des spectacles de qualité. Toute une émulation porteuse de solutions pour une autre monde.
Malheureusement, les violences dont la préfète, sous les ordres du gouvernement, est seule responsable viennent masquer la vraie raison de ces mobilisations et de ce week-end, la volonté commune de refuser un modèle d’agriculture dépassé et mortifère et qui nous emmène droit dans le mur.
A l’instar des mobilisations contre la réforme des retraites, nos dirigeants persistent à s’opposer au peuple pourtant souverain en imposant un modèle de société dont nous ne voulons pas. Tous les arguments en faveur des bassines sont scientifiquement démontables, rine ne justifie leur mise en œuvre si ce n’est le souhait de faire perdurer un modèle d’agriculture capitaliste.
Ils ont tort contre tous et ils le savent. La seule chose qu’ils ont encore à sauver dans cette affaire, c’est leur honneur, ce qui est d’autant plus inquiétant, mais cela doit encore plus nous motiver pour ne rien lâcher.
Un appel à rassemblement devant les préfectures jeudi 30 mars contre les violences policières a été lancé. Nous demandons que la FSU le relaie massivement et nous demandons aussi qu’un communiqué, dénonçant les violences policières lors de la manifestation à Ste Soline soit fait.