- intervention de Sandrine Monnier au conseil national du SNUIPP-FSU de janvier 0223
Comme le montrent les 350 000 signatures de la pétition intersyndicale recueillies en seulement cinq jours ou les remontées encourageantes du nombre d’écoles fermées, la mobilisation contre le projet de réforme des retraites s’annonce massive, tout comme la première journée de grève du 19.
A l’heure où le travail ne cesse d’être déprécié, sans perspective d’amélioration des conditions d’emploi et des salaires, où les richesses produites sont inégalement réparties au profit des actionnaires et des plus riches, le « vous allez travailler un peu plus » ne passe plus et cristallise la colère sociale. La réforme a beau avoir été présentée comme « juste » et « équilibrée », elle va surtout aggraver le malaise d’une grande part d’actives et d’actifs.
Le projet gouvernemental arrive aussi dans un contexte particulier de hausse des prix émaillé par des grèves sur des revendications salariales, notamment dans des secteurs généralement peu mobilisés, comme la grande distribution ou l’agro-alimentaire. Ces conflits sectoriels ont créé une dynamique contestataire, à l’image de ce qui se passe à plus grande échelle au Royaume-Uni. Mais ils ont permis aussi d’identifier des intérêts communs à l’ensemble des salarié·es, susceptibles de renforcer un sentiment d’unité du monde du travail.
En cela, il est nécessaire de continuer à mobiliser sur l’amélioration des salaires et des conditions de travail, conjointement à la réforme des retraites. Cela participe d’un tout et crée une dynamique à même de faire ricochet dans l’ensemble des secteurs. La ligne de fracture avec la politique gouvernementale n’a jamais été si importante. Tous les facteurs d’un conflit social de grande ampleur sont réunis.
Dans ce contexte, le projet de réforme des retraites place les organisations syndicales – et en particulier le syndicalisme de transformation sociale – face à des enjeux de taille. Le premier est de tirer profit d’un cadre unitaire d’exception en construisant une mobilisation la plus massive et la plus durable, ce qui suppose d’élargir le champ d’actions au-delà de journées de mobilisation sans lendemain et de mettre le recul du gouvernement comme une victoire atteignable. Le second est d’inscrire le refus de la réforme des retraites – massif dans l’opinion – et les attentes du salariat dans un projet plus large de rupture et d’émancipation sociale. La FSU-SNUipp et la FSU doivent s’engager dans ce sens.