La crise que nous traversons depuis un an permet d’identifier de façon remarquable ce qui manquait déjà à notre école, conséquences de plus de 20 ans des différentes politiques éducatives menées. Tous ces manques avaient déjà impacté en premier nos élèves issu.es des classes populaires. Et c’est l’articulation de la gestion erratique de la crise sanitaire par JM Blanquer avec ces politiques éducatives désastreuses, conjuguées au désengagement financier qui a creusé les inégalités durant cette année, touchant de plein fouet les élèves les moins connivent.es avec la culture scolaire et dont l’école s’est de plus en plus éloignée. Lors du premier confinement, face à une éducation vidée de tout contenu collectif, l’individualisation des apprentissages et de la relation pédagogique a été poussée à son paroxysme sans tenir compte du contexte familial et social des élèves qui ont pu se retrouver seul.es devant la tâche. Cette situation a démontré l’importance du cadre de la classe, la force du collectif apprenant pour engager les élèves dans les apprentissages. Depuis la rentrée, les PE constatent une forme d’atonie des élèves, des habitudes de travail d’avant la crise sanitaire perdues et un rythme des apprentissages ralenti. Le collectif apprenant est à reconstruire et cela demande du temps. De plus, s’ajoutent des absences et/ou des préoccupations d’ordres autres que scolaires, qui entravent les apprentissages. L’année toute entière qui vient de s’écouler est une année d’apprentissages perturbée, dont le poids est particulièrement important pour les enfants les plus jeunes (un quart de la vie d’un enfant de moyenne section).
Pourtant, face à cette situation de crise, face à l’exacerbation des inégalités, Blanquer chemine, sans rien modifier à sa politique déjà écrite longtemps auparavant. Il s’entête dans les fondamentaux de sa politique éducative, poursuit l’individualisation des parcours et des apprentissages, son contrôle sur l’agir enseignant, réitère les mêmes évaluations CP/CE1 dans le même calendrier contraint, poursuit les suppressions de postes, envisage de réformer la maternelle, s’attaque à la formation : une année somme toute comme une autre pour JM Blanquer. Aucun moyen supplémentaire de débloqué, pourtant indispensables à la reconstruction des collectifs apprenants. Pas de mobilisation des conseillers pédagogiques, des médecins scolaires, des psychologues, des maîtres.ses de Rased. Pas de traitement du versant pédagogique, pas de traitement du versant social ni psychologique.
Le SNUipp-FSU se doit de relever le défi : traiter les conséquences pédagogiques issues de la rencontre entre Blanquer et la crise sanitaire et ce à travers 2 axes :
– construire et porter un véritable plan Marshall scolaire, afin de traiter un an d’école entravée. Cela implique un plan de recrutement de plusieurs milliers d’enseignant.es pour renforcer l’action pédagogique pendant le temps de classe en allégeant les effectifs, renforcer les Rased, se redoter de PDMQDC…et donner du temps comme le permet notre revendication d’un 18+3+3+3, accordant ainsi aux équipes enseignantes de prendre en charge concrètement les effets de la crise sur les apprentissages, à l’endroit même où ils se manifestent. Cela implique aussi la mobilisation et donc le recrutement de personnels du champ médico-scolaire et social.
– initier un travail commun avec la recherche et les mouvements pédagogiques rassemblés récemment autour de Convergence(s) pour l’Education Nouvelle, afin d’élaborer les déterminants pédagogiques d’une politique éducative égalitaire et émancipatrice permettant de répondre aux effets conjugués de la crise sanitaire et de Blanquer.