René Vautier est mort le 4 janvier 2015.
Il est resté jusqu’à sa mort un cinéaste militant, communiste et antimilitariste.
Il commença en 1950 avec un documentaire commandé par la Ligue de l’enseignement, tourné quasi clandestinement en Afrique Occidentale Française (AOF) comme disait alors le colonisateur, mais dont Vautier détourna le sens.
Au lieu de vanter la colonisation, il sonna comme un réquisitoire violent de 17 minutes contre cette même colonisation. Il s’agit d’Afrique 50.
Le film fut interdit mais des copies furent sauvées et diffusées par la CGT. Cela lui valut 13 condamnations et une peine de prison.
Cette même année, il tourna un film malheureusement perdu sur une grève à Brest où les gardes mobiles tuèrent un ouvrier, Édouard Mazé.
Il intitula alors son film, raconté par les grévistes eux-mêmes, Un homme est mort d’après le poème d’Éluard qui était lu en voix off[[Voir l’excellente Bande Dessinée de Kris
et Étienne Davodeau, Un homme est mort qui raconte l’histoire de ce film chez Futuroscope. Cette BD eut le grand prix à Angoulême en 2007.]].
En 1956, il rejoint un maquis du FLN algérien et tourna Algérie en flammes.
Cela lui valut, là encore, quelques déboires mais du côté des luttes internes au FLN, qu’il paya cette fois de 25 mois de prison. Néanmoins, à l’indépendance de l’Algérie, il s’y installa et devint directeur du Centre audiovisuel d’Alger.
De retour en France en 1968, il participe au groupe Medvekine (collectif de cinéastes ouvriers du nom du réalisateur soviétique Alexandre Medvekine).
En 1972, il réussit à tourner une des rares fictions françaises sur la guerre d’Algérie, Avoir 20 ans dans les Aurès, son film le plus connu, qui, au-delà de l’anticolonialisme, est aussi profondément antimilitariste.
En janvier 1973, il entame aussi une grève de la faim contre la censure qui lui interdit de tourner Octobre à Paris sur le massacre des Algériens à Paris le 17 octobre 1961.
Il est soutenu par Agnès Varda, Jacques Rivette, Jean-Luc Godard, Claude Sautet, Alain Resnais ou encore Robert Enrico. Il arrête au bout de 31 jours après que le ministre de la culture ait cédé.
Son dernier film date de 1995, L’Huma, la lutte, l’Huma, la fête. ●
Olivier Sillam