Alors qu’il est urgent d’augmenter les salaires des enseignant·es, à la traîne dans les comparaisons internationales et responsables pour partie de la baisse d’attractivité du métier, le ministère fait le choix de conditionner une partie de cette revalorisation à l’exercice de missions supplémentaires.
S’engager à l’amélioration des salaires des enseignant·es pour exclure la majorité d’entre elles et eux de l’ensemble des mesures relève de la provocation. Ainsi dans l’École du futur de Macron, les meilleures rémunérations seront assujetties à un engagement individuel à encadrer des missions et dispositifs qui n’ont apporté aucune preuve de leur utilité pour les élèves comme pour le système éducatif. Inacceptable au regard du temps de travail déjà conséquent et non reconnu des enseignant·es du premier degré qui ne seront augmenté·es que s’iels travaillent plus.
Ces méthodes issues du privé traduisent une volonté délibérée de casser le cadre statutaire. Elles introduisent des différenciations dans les carrières et les salaires, en renforçant le poids de l’indemnitaire qui creuse les inégalités de salaires entre les femmes et les hommes et en asservissant les agent·es à des missions qui engendrent une perte de sens des métiers et une casse des collectifs de travail. A terme, c’est l’ensemble du service public qui va en pâtir.
Il est donc urgent de porter la bataille sur les salaires des enseignant·es comme des AESH. Pour cela il s’agit de ne pas en rabattre sur nos mandats. Les premières propositions sur le socle, notamment sur le déroulement de carrière, montrent que le schéma inscrit dans PPCR n’est pas immuable. C’est cette brèche qu’il faut exploiter pour continuer à revendiquer la transformation de la classe exceptionnelle en échelons de la hors classe accessibles à toutes et tous, avec un échelon terminal non contingenté. Tout comme notre opposition au Pacte doit se nourrir de notre refus de toute individualisation de la rémunération, qui entraînerait une division de la profession par l’instauration d’une forme de « clientélisme » et l’encouragement de la méritocratie.
L’attaque portée aujourd’hui à la profession est d’un niveau inégalé : jamais il ne nous avait été proposé d’empiler des briques pour se constituer un salaire à la carte. Demain il s’agira possiblement de se les disputer, car leur nombre et les missions qui en ouvrent l’accès n’ont pas vocation à être généralisables et accessibles à tous·tes les enseignant·es.
C’est pourquoi la FSU-SNUipp doit s’engager sans attendre dans une campagne de mobilisation sur les salaires et appeler clairement les collègues à refuser le Pacte. C’est en construisant le tous ensemble et en portant nos revendications unifiantes pour la profession que nous construirons le rapport de forces nécessaire pour faire reculer le ministère. En cela le niveau de conflictualité et le bras de fer engagé aujourd’hui contre la réforme des retraites nous sont favorables pour mobiliser dans notre champ.
Les enseignant·es attendent des actes, pas un Pacte… Et il est de la responsabilité du syndicat majoritaire d’en organiser le cadre pour y porter les revendications collectives.