On s’est tout d’abord demandé quelles étaient les véritables raisons de cette décision : épuisement des ministres grecs, manœuvre politique pour reporter la responsabilité de la décision sur l’opposition grecque, démagogique pour calmer les protestations véhémentes des citoyens, ou bien réelle volonté démocratique ?
La suite des évènements nous a montré qu’en Grèce, comme dans d’autres pays démocratiques, les pouvoirs politiques accordent peu d’importance à l’opinion des peuples.
Les 1ères réactions à l’annonce du référendum lundi 31 octobre sont instructives sur la place des citoyens dans les démocraties actuelles : les « marchés » se sont écroulés, des hommes politiques (démocratiquement élus?) ont parlé d’irresponsabilité, de danger, se disaient consternés, indignés (d’autant plus que cette décision a été prise sans eux et qu’elle a ainsi brisé le cercle de connivence des grands de ce monde !).
Consulter les peuples sur une politique d’austérité destinée à satisfaire les marchés financiers est donc supposé dangereux.
Le suffrage universel est pourtant considéré dans nos institutions démocratiques comme un marqueur des libertés publiques (voir les réactions aux élections en Tunisie), mais il semblerait qu’il devienne un obstacle quand il empêche le bon fonctionnement des « marchés » !
Les résultats des différents référendums réalisés au cours de la mise en place de l’Europe des marchands (en France en 2005, en Irlande, aux Pays-Bas) ont tous été ignorés quand ils n’allaient pas dans le sens de cette Europe.
Les Grecs, traités d’escrocs et de fainéants par Mme Merkel il y a quelques mois, sont aujourd’hui privés d’expression sur leur avenir.
Ce référendum, qui n’aurait bien sûr pas résolu les problèmes liés à la crise créée par les « marchés », aurait pu être le 1er grain de sable qui grippe la machine de l’Europe des marchands.
Il va falloir maintenant réussir à construire un « Tous ensemble », pour replacer l’Europe des peuples, de la solidarité, de la démocratie au premier plan.