Intervention de Romain Gentner (BN, Grenoble)
Hier, un camarade évoquait l’état d’esprit de ses collègues qui semblaient résigné•es et qui disaient ne plus croire en la capacité des syndicats à infléchir le cours des choses. Il y a effectivement urgence à redonner confiance en la possibilité de jours meilleurs.
Nous avons une difficulté à ce que les questions qui nous intéressent n’émergent pas que quand des candidat-es aux élections s’en emparent pour en dire ce qu’elles/ils en veulent, sans qu’on puisse avoir de prise sur le débat médiatique.
Pour pouvoir imposer nos thèmes, on doit s’appuyer sur un rapport de force, construit avec les collègues et les usager•es, en développant un discours audible :
- Face au réchauffement climatique, à la crise climatique et aux conséquences des guerres impérialistes, nous devons accueillir les migrant-es qui fuient les destructions et les famines, et faire en sorte que dans notre secteur, les élèves mineur·es ou jeunes majeur·es puissent être inscrit·es dans les classes et les dispositifs pour élèves allophones.
- Dans la cacophonie sur nos salaires, chiffrer nos revendications et rappeler nos mandats en termes de charge et de temps de travail nous permettrait d’être davantage repris dans les médias : pas un salaire en dessous de 1 800€, + 1 000€ pour tou·tes tout de suite, mettre en avant notre revendication de réduction du temps de service.
- Avoir une politique sanitaire et vaccinale volontariste (et non autoritariste), revendiquer la levée des brevets sur les vaccins, la vaccination universelle sur toute la planète (le virus continuera à circuler et à muter tant que des pays entiers ne seront pas vaccinés), l’opposition au pass sanitaire, à toutes les mesures liberticides et qui mettent en danger les droits des salarié·es.
- Continuer à revendiquer la suppression de Parcoursup, du bac Blanquer.
- Demander l’abandon des cités éducatives dans la lutte pour l’éducation prioritaire.
- Lutter contre les pressions hiérarchiques et les politiques néomanagériales (par exemple contenues dans le Grenelle, le projet local d’évaluation ou les expérimentations de recrutement local à Marseille).
Sur la laïcité, la campagne ministérielle ne parle pas de laïcité, le vivre ensemble n’est pas la laïcité. Ces affiches jouent sur des implicites et des stéréotypes ethniques et véhiculent des préjugés racistes. Elles ne permettent pas seulement à Blanquer de servir ses objectifs politiques personnels mais visent à saturer l’espace médiatique de thèses racistes, car son but est de continuer à creuser les inégalités. Dans la période électorale qui s’ouvre où certain•es candidat•es vont aller toujours plus loin dans la surenchère raciste, xénophobe et islamophobe, c’est de la responsabilité du mouvement syndical, avec le mouvement social, de prendre en charge la lutte contre le racisme.
On pourrait dire, comme l’a fait la FSU lors du CDFN, que la communication de Blanquer ne résout rien mais jette de l’huile sur le feu.
Dans le tumulte de la campagne électorale, il nous faut faire émerger un plan d’action cohérent pour les collègues, faire sentir qu’on lance la bagarre contre les réformes néolibérales (dans l’éducation, la santé, sur les retraites, …) plutôt qu’une succession de journées d’action isolées.