Par Sandrine Monier
Aujourd’hui nous partageons le constat que le syndicalisme a été particulièrement éprouvé ces dernières années. Par deux ans de crise sanitaire qui ont pesé sur les interactions sociales et la capacité à faire du collectif. Par la sape du paritarisme dans la Fonction publique qui a cassé les règles statutaires de représentation des personnels. Par l’absence de relais politique aux revendications syndicales et de victoires marquantes à mettre au crédit du mouvement social.
Devons-nous pour autant renoncer à notre syndicalisme, et plus particulièrement à notre projet de lutte et de transformation sociale ? Bien sûr que non…
Les résultats des élections présidentielles montrent qu’entre le projet néolibéral et celui de l’extrême droite, il y a une place pour un projet de gauche porté par des forces progressistes, en rupture avec la ligne actuelle. Cette recomposition inédite est intéressante à plus d’un titre car elle constitue un débouché à nos revendications syndicales qui pourraient, potentiellement, trouver un point d’ancrage politique.
Devons-nous pour autant renoncer à notre syndicalisme, et plus particulièrement à notre indépendance vis-à-vis du politique ? Bien sûr que non…
Notre ancrage dans le monde du travail nous distingue et nous confère une responsabilité politique : celle d’investir un corps social et de le mettre en mouvement en construisant les périmètres de mobilisation. Les mouvements sociaux sont également moteurs pour l’avenir de la gauche et le projet de rupture repose sur toutes les forces progressistes.
Plus que jamais nous devons construire et porter, dans et avec la profession, notre projet de transformation, nous engager plus activement sur une trajectoire écologique et sociale et œuvrer à la recomposition syndicale. Le rapport de forces sera aussi mesuré à notre capacité à construire des mobilisations d’ampleur donnant corps à la volonté de rompre avec les politiques en cours. En cela nous devons faire de la réforme des retraites le premier rendez-vous social de ce nouveau quinquennat.
Enfin nous devons assumer aujourd’hui un syndicalisme de rupture écologique et sociale, et non plus seulement de transformation. Il y a une urgence à imposer un autre modèle pour bâtir une autre société. Notre syndicalisme y a toute sa place.
Et c’est dans cette perspective d’un pouvoir d’agir rassemblé que nous serons à même de renouer avec les victoires et de redonner du sens à l’action collective pour gagner un avenir plus désirable.