La crise de recrutement n’a jamais été aussi visible.
Contractuel·les en nombre dans les écoles en cette rentrée, « job dating » organisés dans la précipitation par les rectorats pour faire face à la pénurie…
Il ne s’agit pas là, d’une crise conjoncturelle qui serait due au recul de la place du concours mais bel et bien d’une crise structurelle que le SNUipp-FSU dénonce depuis 10 ans.
La réponse des gouvernements successifs à cette crise a été la multiplication des dispositifs : les M1 en alternance, les EAP 1 et 2, les AED en préprofessionnalisation, les master MEEF contracuel-les alternant-es et j’en passe. Aucun n’a fait le plein ;
aucun n’a permis d’enrayer la désaffection du métier qui s’est accentuée et étendue au fil des ans. Ces pseudo solutions à très court terme ont uniquement permis de doter les écoles en personnels supplémentaires ou d’utiliser des étudiant-es sans formation ou presque comme moyens d’enseignement.
Au SNUipp-FSU, nous savons bien que les causes de cette crise sont multiples, nous les connaissons : mobilité empêchée, salaires parmi les plus bas des pays de l’OCDE, conditions de travail dégradées, mise sous tutelle des pratiques enseignantes, perte de sens du métier mais aussi conditions de formation de plus en plus dégradées, temps de formation de plus en plus réduit.
A l’heure où le ministre parle d’un concours en licence sans remise en cause de la qualification au niveau master, le SNUipp-FSU doit populariser son projet ambitieux de pré-recrutements dont il va falloir affiner les modalités, concours en fin de L3 suivie de deux années pleines et entières de formation.
Pour recréer du collectif, pour redonner du sens au métier et pour attiser les vocations, nous ne pourrons plus faire l’impasse sur une formation longue, ambitieuse et continue.
Dans les contenus de formation qu’il défend, le SNUipp-FSU doit mettre en avant : la formation disciplinaire, scientifique, didactique et pédagogique de haut niveau, dans tous les domaines enseignés à l’école ; la connaissance du développement de l’enfant et des processus d’apprentissage des élèves dans toute leur dimension psychologique, sociale et culturelle ; la formation aux gestes et postures professionnels, à la maîtrise de l’espace de la classe et des temps des apprentissages, à la gestion de groupe, à l’observation et l’évaluation des élèves ; la connaissance du système éducatif, des mouvements pédagogiques, formation aux droits et devoirs du fonctionnaire.
Le métier s’est complexifié. La formation devra donc s’adapter et prendre en compte ses spécificités (polyvalence, maternelle, ASH, éducation prioritaire…)
Le SNUipp devra réaffirmer avec force son exigence de non-décrochage avec le second degré.
Pour donner des perspectives de mise en oeuvre, il devra s’emparer pleinement de son mandat d’étude sur les établissements de formation et le traiter dans un cadre fédéral. Un chantier devra être lancé pour chiffrer précisément le coût de cette formation et démontrer qu’elle est réalisable.
La période n’a jamais été aussi favorable à la défense et la mise en avant de notre projet ; il y a urgence, il faut s’en emparer.
Laurence Pontzeele