Plus de deux mois après l’investiture du gouvernement le plus extrémiste de l’histoire d’Israël, des colons fanatisés et armés ont déferlé sur la ville de Huwara, tirant et incendiant avec la protection de l’armée , provoquant un mort, des centaines de blessé·es, et des dizaines d’immeubles et de véhicules incendiés. En violation flagrante du droit international, Israël a annoncé le 12 février la légalisation de 9 colonies illégales au regard de son propre droit national et, la création de 7000 logements supplémentaires, soit plus que durant les deux années précédentes cumulées. Celles-ci seront construites dans la Zone dite E1, avec pour effet de morceler davantage la Cisjordanie et d’empêcher toute contiguïté des territoires palestiniens. Cette intensification de la colonisation poursuit un processus ancien et continu ces dernières années, qui rend toujours plus illusoire la solution à deux États, historiquement portée lors des accords d’Oslo, bien enterrés par la politique d’annexion israélienne.
Cette année, le bilan humain de la répression en Cisjordanie est dramatique, avec au moins, au 8 mars, 69 Palestiniens tués depuis le 1e janvier, soit près de un mort par jour !
Le 7 mars 2023, l’armée israélienne a de nouveau lancé un raid meurtrier dans le camp de réfugié.es de Jénine, au nord de la Cisjordanie occupée. Au total, six personnes ont été tuées, seize personnes ont été blessées par balles et deux d’entre elles sont dans un état critique. C’est déjà le 2e bain de sang causé par l’armée israélienne à Jénine depuis le début de l’année 2023.
Le suprémaciste Bezalel Smotrich, en charge de l’administration civile en territoire occupé, s’est vu octroyé de nouveaux pouvoirs en vue de conduire à une accélération dramatique de l’annexion de facto de la Cisjordanie. Ce ministre qui se revendique lui-même fasciste et homophobe, qui est ouvertement raciste anti arabe et pour l’épuration ethnique est annoncé pour une intervention à Paris le 19 mars dans une initiative de la droite et de l’extrême droite sioniste parrainée par le KKL de France, le Fonds national juif.
Le président Macron qui a reçu récemment Netanyahu , n’est pas pas simplement complice, mais allié du régime israélien.
Pourtant les réactions en Israël n’ont pas tardé dès la nomination du nouveau gouvernement. Des milliers d’Israéliens ont manifesté et continuent à le faire chaque semaine contre le nouveau pouvoir exercé par la droite et l’extrême droite, principalement à Tel-Aviv, Jérusalem et Haïfa. Les manifestations hebdomadaires continuent dans les principales villes d’Israël, d’une ampleur et d’une durée sans précédent. Celles du 19 février ont réuni 250 000 manifestants. La revendication principale est le retrait d’un projet de loi visant à réduire les compétences de la Cour Suprême. Ces manifestations sont surtout centrées sur l’exigence de démocratie en Israël , sans référence aux « arabes » ou aux territoires occupés ; cependant des juifs anti-sionistes tentent de faire entendre une voix contre la politique raciste, colonialiste du régime israélien.
Israël a mis en place et maintient un régime institutionnalisé de domination « raciale »1 et de répression du peuple palestinien : les actes commis par l’État israélien relèvent du crime d’apartheid, tel qu’il est défini dans le droit international. C’est un crime contre l’humanité. Le reconnaître, c’est pouvoir le combattre pour l’éliminer.
Depuis sa création, Israël a édicté toute une série de lois, de règlements et de pratiques liés à la citoyenneté, à l’entrée sur le territoire, à la terre … Le système légal et administratif mis en place a institutionnalisé les discriminations entre citoyens juifs et non-juifs, enraciné la suprématie des uns sur les autres, jusqu’à ne reconnaître le droit à l’autodétermination qu’au seul « peuple juif » et à inscrire la colonisation comme valeur nationale de l’État d’Israël. C’est précisément ce qui est inscrit dans la loi dite de l’État nation du peuple juif de juillet 2018 ; loi qui a constitutionnalisé la réalité d’oppression vécue par les Palestinien ne s depuis la Nakba (1947-1949).
L’État d’Israël continuera sa politique s’il ne subit pas des sanctions efficaces : interdiction du commerce avec les colonies israéliennes, toutes illégales,embargo contre le commerce d’armes et de matériel sécuritaire, y compris les logiciels tels que Pegasus et tout autre produit destiné à ficher les populations, les surveiller ou les réprimer, exiger la traduction devant le Tribunal Pénal International des responsables israéliens de crimes d’apartheid, Suspension de l’accord d’association, mesure européenne qui conditionne les exonérations fiscales à l’importation de produits israéliens au respect des droits humains
Il faut rejoindre et participer au mouvement international pour dénoncer l’apartheid et mettre en acte la stratégie BDS, ce qui signifie Boycott, Désinvestissement, Sanctions jusqu’à ce qu’Israël se conforme au droit international.
Voilà les campagnes et les mobilisations auxquelles le syndicalisme doit s’associer, car en Ukraine comme en Palestine, le droit international comme le droit inaliénable des peuples à se défendre contre les agressions coloniales ne sont pas à géométrie variable !
1 . La race est entendue ici au sens sociologique, d’assignation par un groupe majoritaire sur une minorité.
Sophie Zafari