Place du syndicalisme dans le mouvement social

Alors que sur le plan politique les derniers sondages positionnent Marine Le Pen au coude à coude avec Macron, sur celui des mobilisations d’opposition au gouvernement c’est l’arc syndical de transformation sociale et plus largement les forces progressistes qui depuis juin sont parvenus, malgré la situation sanitaire, à emmener à de nombreuses reprises plusieurs milliers de personnes dans la rue.
Dès juin les manifestations de défense de l’hôpital public et de soutien aux soignant·es ou celle contre les violences policières appelées par le comité Adama Traoré ont positivement surpris par leur ampleur.
Puis les mobilisations contre les lois liberticides ou pour défendre leur secteurs d’activité (santé, énergie ou éducation). Ces mouvements s’appuient sur ceux des années précédentes ceux contre la réforme des retraites, contre la loi Blanquer dite de l’école de la confiance mais certainement aussi de la mobilisation des gilets jaunes qui a fait émerger une nouvelle forme de contestation.
Actuellement, il est impératif que le syndicalisme prenne toute sa place dans la contestation et puisse être un appui pour le mouvement social plus globalement. Notre responsabilité est bien de démontrer et de faire savoir qu’une autre voie est possible.
Qu’à l’inverse des choix libéraux gouvernementaux ne visant qu’à favoriser les plus riches et protéger le capitalisme, une autre orientation est possible. Celle d’une politique visant à mieux partager les richesses pour enfin réduire les inégalités.
La crise a montré que les services publics sont un bien commun indispensable pour toutes et tous et que sans eux, sans hôpital ou sans école c’est l’ensemble de la société qui est paralysée.
Mais le gouvernement tergiverse et l’on ne sait plus bien s’il s’agit d’incompétence ou de choix délibéré pour masquer son logiciel libéral et anti-démocratique. Quand les décisions sont prises dans des obscurs comités de défense, quand le groupe LREM dissout la commission d’enquête parlementaire, quand les données pour analyser la progression de la pandémie au travail manquent ou sont tues.
C’est donc a nous de proposer les mobilisations qui permettront de porter la démocratie, de dénoncer les errements gouvernementaux et de montrer que la seule issue après Macron n’est pas Le Pen. Si nous ne prenons pas cette responsabilité, c’est un boulevard pour l’extrème-droite qui pourra occuper la place du réceptacle des colères contre le libéralisme autoritaire qui gouverne aujourd’hui, dans la rue, c’est ce que l’on peut voir dans d’autres pays, comme dans les urnes.

Les journées de grèves actuelles ne sont peut-être pas majoritaires mais les revendications portées sont très majoritairement soutenues et partagées. Quand la grève du 26 janvier dans l’éducation a fait plus de 25% de grévistes dans de nombreux départements, il est de notre responsabilité de montrer à quel point elle est une réussite et de s’appuyer sur celle-ci pour en engager d’autres, dans l’éducation mais aussi au delà car la gravité de la situation sanitaire et sociale doit nous pousser à nous hisser à la hauteur des enjeux : rendre crédible, souhaitable un autre devenir et permettre l’engagement de notre camp pour le construire.

Nous devons occuper le terrain, multiplier les actions et les alliances dans le mouvement social comme nous le faisons déjà par exemple avec le collectifs « Plus jamais ça ». Soyons force de proposition, initions des débats publics, des états généraux du mouvement social en ligne pour une autre réponse à la crise par exemple permettant de débattre et d’élargir largement la mobilisation dans les rues.
Ne laissons pas le 4 février sans lendemain, engageons nous et entrainons les citoyen·nes massivement dans la grève du 8 mars contre les violences faites aux femmes et aux filles, dès maintenant portons l’idée d’un printemps social de luttes et de mobilisations qui portent une gestion réellement démocratique de la crise, qui porte l’importance de la justice sociale et des services publics dans laquelle ils sont les garant d’une société égalitaire sur le plan de la santé, de l’éducation et des libertés.