La pénurie de médicaments- notamment le paracétamol- annoncée et prévisible depuis longtemps est maintenant une réalité. Actuellement, 300 médicaments font l’objet de difficultés d’approvisionnement. Les autorités invoquent des causes conjoncturelles, loin de saisir et de s’attaquer aux causes structurelles.
La santé et ses produits sont dans une logique marchande d’offre et de demande ; l’industrie pharmaceutique n’est ni dans une logique de santé ni dans une logique d’anticipation. C’est une logique commerciale, de rentabilité qui prévaut. Et la délocalisation de la production de la matière première nécessaires aux produits pharmaceutiques, l’ultraconcentration de la fabrication- 80 % des principes actifs des médicaments sont produits en Chine et en Inde- expliquent en grande partie la pénurie. Avec 1,4 milliard de Chinois confrontés à une reprise du Covid, la Chine a décidé de suspendre ses exportations de paracétamol. Il faudrait donc aller vers une relocalisation de la production des matières premières des médicaments et cela dans le secteur public- un pôle public du médicament-. Pour l’instant il n’est prévue qu’une seule usine de fabrication de matières premières pour le paracétamol en France pour 2025, ce qui est tout à fait insuffisant. Le plan France 2030 santé prévoit de relocaliser la fabrication de seulement dix-huit médicaments. Le gouvernement choisit de donner encore plus d’argent public aux industriels qui sont pourtant responsables de la délocalisation de leur production, pour des raisons de profits. Il serait important que cette question soit portée par nos mouvements.
Sophie Zafari