En 1982, une circulaire fixant les missions des conseillers principaux d’éducation a permis à ce jeune corps de se créer une identité propre au sein des établissements scolaires. Fort de ce texte qui définissait une fonction éducative répondant à la diversification des publics, contribuant à leur réussite scolaire et en relation permanent avec les équipes pédagogiques, les CPE ont développé la légitimité d’un métier inédit en milieu scolaire. Aujourd’hui la massification a engendré des difficultés auxquelles le pari de l’encadrement éducatif peut répondre, mais ils subissent la pression combinée des restrictions budgétaires, du renforcement des hiérarchies locales et du retour des idéologies « conservatrices ».
Le ministère et les tenants du management en éducation et en évaluation, leur demandent de ne plus consacrer de temps aux élèves, d’être « chef de service », de se lancer dans l’application d’une véritable politique locale de « vie scolaire », expression dévoyée qui englobe très restrictivement le surveiller et le punir. Pour éviter tout débordement, le bâton serait tenu par une équipe de surveillants recrutés localement par le chef d’établissement et managés par un CP«E» coiffé d’une casquette de DRH pour laquelle il n’a ni la formation, ni surtout la moindre ambition. Il est ainsi prié de ranger progressivement ses aspirations éducatives au profit d’une expertise en matière juridique voire judiciaire. Coupé des élèves, coupé des professeurs et des professionnels du social et de la santé, par un rôle symbolique de « conseiller auprès du chef d’établissement », le CPE est contraint de s’éloigner des idées qui régissent (encore pour combien de temps?) sa profession pour s’isoler dans un habit bureaucratique qu’il ne veut pas porter.
C’est une réaction syndicale forte du mécontentement des personnels et des risques pour les enjeux du système éducatif, que le Snes-Fsu, dans son ensemble, doit construire.