Parlez-vous le technocrate ?

À l’attention des personnes allergiques à la novlangue technocratique, nous mettons à disposition ce petit glossaire permettant de comprendre le discours de la ministre sur la réforme du collège

Les choses sont présentées ainsi sur le site du ministère :

 » Le collège de 2016 devra mieux enseigner les savoirs fondamentaux, former à d’autres compétences et avoir un fonctionnement quotidien assoupli pour s’adapter à la diversité des besoins des élèves. La réforme du collège concerne simultanément les programmes, les pratiques d’enseignement et l’organisation pédagogique.

Najat Vallaud-Belkacem souhaite partir de ce qui marche déjà sur le terrain, libérer les capacités d’initiatives des enseignants et leur traduire cette confiance et ce soutien dans une nouvelle organisation plus responsabilisante et collective. La ministre présente, mercredi 11 mars, les évolutions du collège en 2016 afin qu’il permette à tous les élèves de mieux apprendre pour mieux réussir. « 

la ministre a dit : comprendre :
Partir de ce qui marche déjà sur le terrain, libérer les capacités d’initiatives des enseignants et leur traduire cette confiance et ce soutien dans une nouvelle organisation plus responsabilisante et collective Partir des projets fumeux issus de l’application zélée du LPC de 2005, mettre en concurrence les enseignants entre eux au sein de leur établissement et entre établissements.
Mieux apprendre pour mieux réussir. Adapter les apprentissages aux besoins des entreprises.
Le collège cristallise les défauts de notre système éducatif C’est le dernier maillon qui ne soit pas encore passé sous les fourches caudines des réformes inégalitaires qui ont déjà fragilisé l’école élémentaire (réforme Darcos + réforme des rythmes) et le lycée (réforme Chatel). On suit la même trame : + d’inégalités territoriales + de concurrence et – d’enseignements.
Il est profondément inégalitaire, triant les élèves davantage qu’il ne les accompagne dans la réussite Le collège trie les élèves, ça ne fait aucun doute (par le jeu des options et de l’orientation notamment). « Accompagner dans la réussite » a peu de sens ici, le collège est tellement asphyxié que le temps manque pour aider chaque élève.
Il est monolithique dans son approche disciplinaire, suscitant parfois l’ennui, voire la perte du goût pour le travail et l’effort Ce passage est une véritable insulte au travail enseignant. En tout état de cause, l’approche disciplinaire est pour le SNES une richesse dans le potentiel d’acquisition d’un haut niveau culturel pour chaucun.
En définitive, le collège actuel est souvent peu motivant pour les élèves, anxiogène pour les parents et frustrant pour les professeurs, auxquels il ne laisse que peu d’autonomie. Nouveau passage lapidaire voire insultant. Sur l’autonomie des professeurs on projette ici véritablement un projet inégalitaire dans lequel les apprentissages ne seraient plus jamais les mêmes en tout point du territoire national. Les inégalités ont déjà beaucoup grandi cette dernière décennie, on entend les amplifier.
Libérer les capacités d’initiatives des enseignants et leur traduire cette confiance et ce soutien dans une nouvelle organisation plus responsabilisante et collective. Nouvelle volonté de mise en concurrence, la nouvelle organisation « plus responsabilisante » c’est la mise sous tutelle du travail enseignant par les chefs d’établissement et les CA, voire sous la tutelle de nouvelles hierarchies intermédiaires rendues possibles par les nouvelles ORS et leurs IMP.
Mieux enseigner les savoirs fondamentaux, former à d’autres compétences et assouplir le fonctionnement quotidien pour sortir de l’uniformité et s’adapter à la diversité des besoins des élèves renoncer à la culture pour tous, former aux compétences patronales, renoncer à l’égalité des élèves face à l’emploi du temps, donner plus à ceux qui ont déjà beaucoup et du soutien à ceux qui ont peu.
C’est ce même impératif qui doit nous conduire à améliorer la façon de transmettre pour les professeurs et d’apprendre pour les élèves, en donnant aux équipes une marge de manœuvre de 20 % du temps d’enseignement, dans le respect des horaires disciplinaires. Nous voulons diminuer les horaires disciplinaires pour créer des dispositifs qui vont encore renforcer les inégalités et mettre les enseignants en concurrence.
Je veux que le collège permette à tous les élèves de « mieux apprendre pour mieux réussir « , en maîtrisant les savoirs fondamentaux et en développant les compétences du monde actuel Je veux un collège au service du patronat.