Exposition au musée Carnavalet
Le féminisme n’est pas né de Me too ; il ne date pas non plus des années 60. Les femmes se sont battues pendant des siècles pour faire valoir leurs droits. Le musée Carnavalet de Paris a installé une exposition retraçant cette histoire. Elle s’intitule Parisiennes, Citoyennes, mais l’organisation politique de la France étant ce qu’elle est, elle est assez représentative de l’ensemble du féminisme en France, dans la période considérée. Le musée Carnavalet est un musée de l’histoire de Paris et dispose d’un fonds important sur la Révolution française.
C’est ainsi que commence l’exposition, en particulier par des gouaches de Jean Baptiste Le Sueur montrant les clubs de femmes qui ont existé jusqu’en octobre 1793, date de leur interdiction. À l’entrée de l’exposition on peut télécharger une application du musée qui permet d’écouter les commentaires sur un certain nombre de pièces présentées.
Ainsi, on nous explique que les dessins de Le Sueur montrent la diversité sociale des femmes engagées dans les clubs. Les commentaires sont réalisés par Christine Bard, historienne du féminisme, Catherine Tambrun, attachée de conservation au musée Carnavalet spécialisée en photographie et Juliette Tanré conservatrice au musée Carnavalet, spécialisée en sculpture.
De très nombreux documents iconographiques peu connus présentent l’évolution et la diversité du féminisme depuis la fin du XVIIIe siècle. Ils évoquent par exemple les grèves de femmes ce qui illustre l’importance de la population ouvrière féminine, et en particulier les luttes pour le droit de vote et pour l’avortement. On dispose sur ce sujet des photographies de Madeleine Pelletier, première femme à avoir explicitement demandé le droit à l’avortement, accompagnées d’explications pointant son importance dans les débuts de ce combat. L’exposition n’oublie pas de valoriser les femmes créatrices. L’accent est par exemple mis sur Camille Claudel et son œuvre Les Causeuses.
La fin de l’exposition qui porte sur la seconde moitié du XXe siècle est sans doute trop exclusivement centrée sur les années 70 et même sur la première moitié d’entre elles. On peut cependant regarder de nombreux documentaires issus du centre audiovisuel Simone de Beauvoir. Il ne faut pas hésiter à prévoir du temps à y consacrer.
La diversité du mouvement féministe de la fin du XXe siècle est très rapidement esquissée mais les plus anciennes d’entre nous auront plaisir à entendre des extraits du disque du Collectif pour des chansons de femmes de 1978 !
Cette exposition est ouverte du 10 jusqu’au 29 janvier 2023, ce qui inclut la période des vacances. Si vous avez l’occasion d’aller à Paris à cette période, le détour vaut la peine. N’oubliez pas de réserver.
Elisabeth Hervouet