La question du rapport qu’entretient la profession avec les valeurs véhiculées par les Evènements Sportifs Internationaux, se pose depuis que le modèle sportif s’est imposé comme la figure dominante de notre culture corporelle sociale et par conséquent comme culture de référence dans notre profession.
Longtemps resté comme impensé au sein des études historiques et sociologiques, le Sport, fait social total, fait désormais l’objet d’analyses critiques y compris au sein de sa propre institution.
Si Nelson Paillou, ex président du CNOSF, soulignait la vulnérabilité inquiétante du sport : « les prémices de la dégénérescence s’appellent violence sur et hors les terrains de Sport, (…) dopage, (…)influence extravagante de l’argent et encore intrusion abusive de la politique en matière sportive » (préface des Extraits du Congrès Scientifique Olympique de Séoul (1988) rassemblés et présentés par Bertrand During), les thuriféraires de l’institution sportive continuent de penser que la situation est conjoncturelle et qu’il est important « d’élaborer des solutions salvatrices » en les étayant de réflexions sur l’histoire, la philosophie, et les travaux des chercheurs en la matière.
Un autre courant, plus radical, celui de la Critique du Sport, existe depuis maintenant 50 ans.
Il fit naître la revue « Quel Corps ? » sous la direction de Jean-Marie Brohm, et s’applique, entre autres, à déconstruire les mythologies des discours du Sport et des valeurs de l’Olympisme.
Ce courant, dont nous partageons les analyses, estime que les dérives du sport ne sont pas conjoncturelles mais structurelles. Elles ne sont que le produit d’une idéologie dont la logique est l’accumulation de biens, d’argent, de médailles, de records, de hiérarchisations, de classements qui excluent « les maillons faibles ».
Depuis 30 ans, de congrès en congrès, l’Institution Olympique nous explique qu’elle souhaite purifier le Sport en le débarrassant de ses scories, toujours en quête d’un Idéal Olympique mythique, en nous faisant croire qu’il est possible de réformer du même coup l’idéologie ultra libérale dont elle se nourrit.
Même si les « nouveaux chiens de garde » médiatiques sont là pour redorer sans cesse le blason et servir, sans conscience, les lobbies financiers, la réalité montre que : scandales financiers, dopage (cf. le Monde 28/10/2016), dépenses pharaoniques indécentes, tricheries, nationalismes exacerbés, compromissions politiques, etc. tout s’est amplifié.
Le courant critique du Sport, après avoir proposé à maintes reprises le boycott des J.O, appelle à dire « Non à la candidature de Paris aux Jeux de 2024 » (libération.fr/debats/2016/10/06), s’alignant sur la nouvelle maire de Rome qui retire la candidature italienne qu’elle juge « irresponsable », étant donné la situation catastrophique actuelle du pays.
Les JO de 2024 ça nous regarde aussi. Une organisation syndicale se réclamant de transformation sociale, ne peut soutenir avec la candidature de Paris, ce qu’elle dénonce dans tous les autres secteurs !
L’École Émancipée SNEP-FSU