Un service public de l’enseignement, laïque, gratuit et unifié, de l’université à la maternelle est une lutte très ancienne et c’est une lutte pour l’avenir. Dès le début de la « mise en place » de l’instruction primaire en 1833, est accordée aux parents ce que l’on a coutume de nommer, avec quelque pudeur, la « liberté de l’enseignement ». Cette « liberté » sera prolongée pour l’enseignement secondaire par la loi Falloux en 1850 – marquant alors la victoire du « parti catholique ». Ajoutons que les personnels enseignants ne deviendront des agents publics que tardivement, bien après les lois Ferry instaurant l’instruction obligatoire, gratuite et laïque pour toutes et tous les enfants de 6 à 13 ans à la fin du XIXe siècle.
Il apparaît donc que la construction d’un service public d’éducation est d’abord une construction historique qu’il faut défendre bien sûr mais qu’il faut poursuivre aussi.
À la revendication/l’idée d’un service public unifié, c’est-à-dire la nationalisation de l’enseignement privé sous contrat– sans indemnités, ni rachat –, est souvent opposée le fait que cela aboutirait alors à un monopole d’État pour l’éducation, un monopole qui serait contraire à la liberté de choix des parents, inscrite dans le Code de l’éducation. Eh quoi !? Se pose la question : les monopoles publics dans les domaines de l’énergie, des transports, etc., contre la privatisation desquels nous avons lutté, sont-ils plus acceptables que pour l’éducation ? Et aussi, de quoi cette « liberté » est-elle le nom ? Sans doute celle des croyances personnelles des parents, mais plus surement, elle est celle de l’argent.
Ainsi que nous le défendons, la seule école libre c’est l’école laïque ! La seule école émancipatrice c’est l’école publique ! Nous sommes toutes et tous d’accord pour mettre fin au dualisme scolaire. Aussi nous semble-t-il qu’« il faut mettre clairement en avant la perspective de la nationalisation de l’enseignement privé sous contrat » pour un véritable service public d’enseignement, laïque et gratuit pour toutes et tous, de l’enseignement supérieur à la maternelle. C’est là le véritable prix de l’émancipation, c’est là le véritable prix de la liberté, pour ne pas écrire que son ombre…
Vincent Charbonnier