- intervention de l’école émancipée au CDFN d’octobre 2024, par Aranud Malaisé –
Le tableau découlant des choix budgétaires du gouvernement n’est pas des plus engageants, l’intro de Benoit l’a bien montré.
Ces fameux 60 milliards témoignent d’un tour de vis austéritaire inédit ces dernières années. Mais, à côté de la colère face aux 40 milliards de coupes budgétaires et leurs conséquences bien palpables, les 20 milliards d’impôts mis en avant par Barnier ouvrent aussi une porte vers la possibilité de nouvelles recettes fiscales.
Un regard trop rapide pourrait d’ailleurs laisser croire qu’ils ont la couleur et le goût de la justice fiscale alors qu’ils n’en sont qu’un pâle ersatz volatile, concédé face à l’indécence des profits et cadeaux fiscaux accumulés au fil des dernières années et devenus un peu trop visibles. Ainsi, depuis 2010 en France, les 500 plus grandes fortunes sont passés de 200 milliards à 1200 milliards de patrimoine. Un accroissement de 1000 milliards en moins de 15 ans ! Gigantesque !
Le montant de 20 milliards d’impôts en est ridicule à côté. Mais néanmoins, cette inflexion contribue à remettre au cœur du débat public la nécessité d’une toute autre politique fiscale que celle menée obstinément par Macron, la nécessité de faire enfin payer les plus riches à la juste hauteur de leurs revenus comme de leurs fortunes.
Un débat public dans lequel nous devons continuer à prendre toute notre part et poursuivre la construction d’une campagne martelant la nécessité, et la possibilité, de dégager des recettes suffisantes pour les services publics comme pour l’ensemble des besoins sociaux et écologiques.
Une campagne pour laquelle on poserait et chiffrerait clairement nos exigences tout en s’appuyant sur les nombreux argumentaires d’économistes montrant qu’elles sont totalement réalistes et atteignables.
L’occasion de détailler quelques leviers et d’identifier quelques besoins avec des chiffres un peu marquants comme les 50 milliards que nous avions pointés en début d’année, 30 milliards pour financer une dotation d’urgence pour réparer les services publics et 20 milliards pour revaloriser de 10% les salaires des fonctionnaires.
Une campagne à faire partager à nos partenaires syndicaux comme plus largement à nos partenaires du mouvement social.
Une campagne à articuler également avec une dynamique de mobilisations pour construire un large front refusant ce choix politique d’une austérité renforcée au détriment des classes populaires.
Pour lancer cette dynamique, appuyons-nous sur nos forces, par exemple dans l’éducation. Le rejet unanime des 4000 suppressions de postes et les circonvolutions de la ministre comme quoi « il peut encore y avoir des évolutions » ouvrent des possibles. Même s’il est encore difficile de se projeter sur les conséquences concrètes des suppressions prévues, tout le monde voit bien qu’elles vont être catastrophiques pour l’école et bien palpables en septembre prochain. Par les personnels, pour qui s’ajoute le gel du point, la fin de la Gipa et le projet de loi Fonction publique remis sur les rails, mais aussi par les usagers et usagères, et leurs parents. D’où l’importance d’inclure la FCPE et les autres associations locales de parents dans cette dynamique de mobilisations aux côtés des syndicats comme d’y inclure également les élus locaux.
Une dynamique qui pourrait être lancée par une date de grève posée assez rapidement avant ce départ en vacances. Une date fin novembre/début décembre pour se laisser le temps de construire une campagne de conviction et de mobilisations.
Une dynamique qui pourrait s’élargir à d’autres services publics et à leurs usagers et usagères, avec la perspective de s’agglutiner sur la même date ou de s’y accoler pour construire une semaine entière de mobilisations autour des services publics. L’éducation tel jour, la santé le jour suivant, les transports juste après, le social dans la foulée… La compléter de manifestations un week-end permettant aux usagers et usagères ainsi qu’à l’ensemble de la population de montrer à la fois son attachement fort aux services publics et son exigence d’autres réponses face aux urgences sociales et écologiques.
Cette perspective pourrait apparaître peut-être un peu ambitieuse et complexe à construire mais permettrait une riposte à la hauteur du tournant austéritaire envisagé.
Car ce tournant est pensé comme durable, l’austérité et ses conséquences promise pour 2025 seraient reconduites et amplifiées chaque année jusqu’à atteindre les 3% de déficit… Raison de plus pour tout mettre en œuvre dès à présent pour refuser ce tournant.
Construire un large front du refus face à cette accélération néolibérale permettra aussi de tracer et de populariser des alternatives vers une politique de ruptures. Car n’oublions pas que la course de vitesse engagée avec l’extrême-droite bat toujours son plein.