La formation des enseignant-es est un objet fédéral par nature, qui n’appartient pas en propre aux enseignant-es du premier degré, ou du second, ou du supérieur, et qui n’est d’ailleurs pas seulement une question pour les professeurs. C’est aussi une question de société : impossible d’imaginer améliorer le système éducatif sans transformer la formation initiale et continue. Or la démocratisation scolaire est en recul depuis 20 ans et la ségrégation à l’école s’accroît. Aujourd’hui, l’école ne pourra franchir une nouvelle étape de progrès social et d’émancipation que par la transformation des pratiques pédagogiques.
Or l’orientation actuelle de la politique nationale de formation, en sabrant les moyens de formation initiale et continue, nous éloigne de ces objectifs. Pire encore, elle subordonne la formation, son architecture, ses contenus, aux supposés besoins immédiats de l’employeur et à des conceptions conservatrices de l’école et des élèves. La FSU fait le constat dans ce thème 1 que les moyens, l’orientation, l’architecture actuelle de la formation avec le concours en fin de première année de master sont très insatisfaisants.
C’est pourquoi la FSU doit continuer à promouvoir sa vision de la formation, universitaire et professionnelle, réellement intégrée, mais elle ne doit pas continuer à éviter le débat sur la position du concours. Si ce n’est pas le point cardinal des questions de formation, cette position pèse très lourd dans l’architecture de formation.
L’école émancipée continue de défendre un concours en fin de troisième année de licence. Non seulement un recrutement plus tardif élimine les candidats pauvres, et les femmes, mais encore elle empêche les étudiants de se former professionnellement, puisqu’ils sont cantonnées dans l’incertitude d’être recrutés et obnubilés par l’apprentissage des réponses et pratiques normées susceptibles d’être jugées acceptables par un jury. Au contraire, recrutés précocement, puis formés à l’université, les jeunes professeurs pourront se former au métier dans toutes ses dimensions.
Cette revendication s’accompagne de celle d’une allocation d’études pour tous les étudiants. Des pré-recrutements sur concours ne suffisent pas à assurer la démocratisation de l’accès au métier et ne sont pas une solution aux problèmes soulevés, s’ils s’accompagnent de la nécessité de repasser un concours en fin de formation.
La question de la position du concours va se reposer à court ou moyen terme. Il faudra que la FSU puisse mobiliser les collègues, peser dans les débats, et le faire pour de bonnes raisons. Une meilleure formation n’amènera pas directement un meilleur salaire, mais elle permettra un exercice du métier réellement revalorisé, puisqu’être en capacité de bien faire son travail redonne du pouvoir aux enseignant-es, celui de faire réussir tout-es leurs élèves et d’être reconnus pour cela.