Marie Haye (Nantes, bureau national) présentation du texte action de l’École Émancipée

J’interviens pour présenter le texte action de l’Ecole Emancipée. Force est de constater qu’entre EE et U&A, il n’y a pas de divergence sur l’appréciation du contexte général. Nous traversons une séquence inquiétante dont nos deux textes se font l’écho. Ils s’ouvrent sur l’élection de D. Trump, la propagation des idées de l’extrême droite, la désignation de François Fillon comme candidat de la droite et du centre, et le constat que le rouleau compresseur du libéralisme avance toujours plus loin et plus fort. Un tel climat éloigne les perspectives de lutte et de transformation sociale. Pourtant, ce sont les mouvements sociaux qui sont porteurs d’espoir. Et précisément parce que cela risque de devenir beaucoup plus difficile dans les années à venir, il faut construire et promouvoir des mots d’ordre et des mouvements émancipateurs, à l’opposé d’un syndicalisme d’accompagnement qui serait prêt à trouver des conquêtes dans les marges des régressions à l’œuvre. Le mouvement d’ensemble contre la loi « travail », l’opposition à l’aéroport de Notre-Dame-Des-Landes, la manifestation du 26 novembre « migrantes et migrants bienvenue », la résistance des enseignantes et enseignants à la réforme du collège ou le mouvement engagé dans les lycées de l’Éducation prioritaire, en sont des exemples. Il nous faut dès à présent tracer des perspectives d’actions à l’échelle nationale, qui évitent de renvoyer le rapport de force au local, et sans s’en tenir au calendrier de l’élection présidentielle : Au niveau interprofessionnel, le SNES et la FSU doivent continuer à élaborer des revendications unifiantes et à travailler à la construction de mobilisations pour de nouveaux droits, dans le cadre le plus large ; Face à l’ampleur des attaques en cours et qui s’annoncent contre la fonction publique, la riposte n’est pas encore à la hauteur, et c’est là encore dans un cadre large que les revendications et les mobilisations doivent se construire ; sur PPCR et évaluation : c’est un rythme unique, totalement déconnecté de l’évaluation, et le plus favorable pour toutes et tous, que nous devons revendiquer, conformément à nos mandats. Nous devons nous prémunir des mesures qui pourraient découler de cette réforme managériale, et dont nous serions comptables en l’approuvant. Le SNES et la FSU doivent donc voter contre ce projet, porter les critiques que nous y voyons, qui sont différentes de celles de FO, qu’il ne faut pas laisser utiliser le vote en CTM à son profit. Le mouvement engagé pour raccrocher les lycées à l’éducation prioritaire concerne plus d’une dizaine d’académies. Le SNES doit continuer à soutenir et fédérer les établissements en lutte et aider à la poursuite du mouvement, qui peut s’étendre aux collèges REP sur le mot d’ordre « l’indemnité REP pour les AED ». Sur la résistance à la réforme du collège, le SNES doit lancer un plan d’actions nationales, qui ne soit pas fondé sur une résistance purement locale, qui peut parfois donner le sentiment aux collègues d’être seuls. On peut penser, entre autres, à une pétition intersyndicale, un engagement collectif à ne pas renseigner le LSU, des formations spécifiques sur les conditions de travail, une campagne pour la saisie des CHSCT, ou des rassemblements contre la multiplication des tâches annexes et des injonctions contradictoires, pourquoi pas en soirée, en lieu et place des réunions et autres conseils. En parallèle, le SNES, avec la FSU, pourra lancer une campagne sur ses propositions pour une autre école que celle des candidats de la droite notamment, à partir, par exemple, du colloque FSU du 6 décembre, et des stages syndicaux d’ores et déjà programmés. Il faut faire feu de tous bois. Car tout cela pourrait permettre de préparer une grande grève de printemps (avec l’intersyndicale et les fédérations de parents), à l’occasion de laquelle le SNES pourrait porter ses revendications en matière de défense de l’École Publique et de démocratisation scolaire. La fenêtre de tir est étroite. Il nous faut commencer à mobiliser maintenant. Il va sans dire que les militantes et les militants de l’École Émancipée sont prêts à prendre toute leur part dans ce travail d’ampleur qui s’annonce.

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