Après la manifestation des « anti » du 13 janvier, des rassemblements pour l’égalité
des droits ont eu lieu en province le 19, avant la grande manifestation nationale du dimanche 27 janvier, à Paris.
Et les raisons d’y participer ne manquent pas !
« On a soulevé le caillou, et on a vu ce qui grouillait dessous ! ». Cette phrase, entendue dans un congrès départemental FSU, était destinée à caractériser la manifestation du 13 janvier. Et effectivement, dans cette « manif de la honte », ça grouillait ! Puant mélange de réacs et d’intégristes de tous bords, sans oublier les fachos, une bonne partie de la droite la plus large était de sortie. Parce que, ne nous y trompons pas, nous n’avons pas affaire à de gentils-cathos-pas-homophobes-du-tout-mais-soucieux-des-intérêts-des-enfants ! Le rose mièvre des tracts et pancartes peine à dissimuler la couleur brune. Face à cette droite extrême qui reprend du poil de la bête, à nous d’occuper le terrain !
Mais qu’est-ce qui réunit donc tous ces mouvements, dont on pourrait croire, au moins pour certains, qu’ils n’ont pas grand chose en commun ? Derrière l’ordre moral et la défense de LA famille, c’est aussi le patriarcat qui s’exprime, qui se sent attaqué dans ses fondements et passe à la contre-offensive. Dans ces batailles, nous sommes évidemment du côté des dominé-es. Et nous le sommes aussi de par notre attachement au principe d’égalité, nous exigeons l’égalité des droits pour les personnes, pour les couples, et pour les enfants : les 300 000 enfants qui grandissent dans des familles homoparentales ont droit à la même sécurité juridique que les autres. Actuellement, en cas de décès ou de séparation, plus aucun lien ne les unit légalement à leur « deuxième parent ». Quand les « anti » parlent de droits des enfants, ils omettent cela ! Ils taisent aussi le fait que la famille classique, hétéro, n’a jamais garanti que l’enfance soit préservée, si l’on en croit les chiffres des violences et abus sexuels…
C’est aussi la laïcité qui est remise en cause : réaffirmons que les religions n’ont pas à peser sur les choix de la société civile ! Si la loi est adoptée, libre aux églises de célébrer ou non les mariages entre personnes de même sexe (certains prêtres ou pasteurs sont d’ailleurs prêts à le faire). Mais elles n’ont pas à intervenir en ce qui concerne le mariage civil.
La manifestation de la honte fut soigneusement préparée, notamment lors d’une rencontre qui a eu lieu du 2 au 4 novembre à Paray-le-Monial, intitulée « Rencontre des têtes de réseaux représentant l’engagement chrétien en politique et l’engagement sociétal chrétien ». Comme l’écrit le site Rebellyon(1) : « Des ténors de l’UMP y auraient côtoyé, en connaissance de cause, des chefs de l’extrême-droite et des mouvements catholiques intégristes, du Front National à Civitas. » Parmi les participants : Vanneste, Wauquiez, Gollnisch, Bompard, des royalistes, un DASEN, des socialistes (issus notamment du groupuscule des poissons roses !…) Si on ajoute que le but de cette rencontre n’était pas seulement la campagne contre le mariage pour tou-tes, mais bien d’envisager des collaborations plus pérennes entre ces mouvements, il y a de quoi s’alarmer… et réagir, « rester motivé-es quand on les aura en face » !
Les suites :
Il y aura probablement d’autres mobilisations. Le projet de loi concernant la famille est très attendu lui aussi. Contiendra-t-il l’accès à la PMA pour les couples de femmes, comme l’a plus ou moins promis la Ministre aux Droits des Femmes ?
Le combat des idées devra se poursuivre également et nous y avons notre place. Il faut inlassablement interroger, déconstruire le genre : la plupart des différences entre les femmes et les hommes sont construites culturellement, elles n’ont rien de « naturel ». Et questionner le genre, c’est remettre en cause la domination masculine. Il faut également approfondir la réflexion sur la famille, sur les familles. La filiation n’a pas toujours été fondée sur le biologique (y compris dans la Bible où on adopte fréquemment !). Ce qui est important, plus que les gamètes, c’est le projet d’accueil de l’enfant. La structure de la famille varie selon les époques et les civilisations, à nous d’ouvrir le débat par exemple sur la possibilité d’une éducation collective, sans appropriation de l’enfant, par le bais de l’adoption simple, de l’accès à la coparentalité ou à la beau-parentalité.
Cécile Ropiteaux
1) http://rebellyon.info/Le-seminaire-tres-discret-de-la.html#nh1