Depuis 2018, les violences sexistes et sexuelles, conséquences du système de domination patriarcale qui perdure, sont de plus en visibilisées dans toutes les sphères de la société, à l’échelle nationale comme internationale. Le mouvement de libération de la parole initié par le #Metoo a ouvert une porte qui ne se referme plus avec de nombreuses déclinaisons comme #stopvog #Metooinceste et plus récemment en Belgique #balancetonbar. Pas un jour ne passe sans qu’une nouvelle affaire éclate dans les médias, contribuant à mettre en évidence le caractère systémique de ces violences et à fragiliser le sentiment d’impunité des agresseurs.
Pourtant beaucoup reste encore à faire : à la fois dans l’accompagnement et la prise en charge des victimes qui est encore notoirement insuffisant en terme de moyens et de structures. Mais aussi en terme de formation des personnels qui les accompagnent tout au long de leur parcours, d’aboutissement les plaintes, de prise en charge des agresseurs pour prévenir la récidive.
Alors qu’on dénombre déjà plus de 90 femmes victimes de féminicides depuis janvier, nous peinons à voir la concrétisation des effets d’annonce cumulés depuis le Grenelle des violences conjugales.
Dans la sphère du travail, la lutte contre les VSS accuse également beaucoup de retard faute de volonté politique. Le gouvernement refuse toujours de mettre la loi en conformité avec les recommandations de la convention 190 de l’OIT, qu’il a signé en juin, et de se doter de moyens pour prévenir, contrôler et combattre les VSS. Dans la Fonction Publique les plans d’action pour l’égalité professionnelle femmes/hommes qui comportent un axe dédié à la lutte contre les VSS ne sont toujours pas mis en place dans toutes les administrations et à tous les niveaux. L’éducation à l’égalité, levier majeur pour prévention de ces violences, n’est toujours pas actionné. A la rentrée 2021, des formations à l’égalité devraient être obligatoires dans l’EN, il n’en est rien ! Le SNUipp-FSU, dans la période trouble que nous traversons, doit dénoncer le double discours et l’inaction de l’institution et porter haut et fort son exigence d’égalité entre les filles et garçons, entre les femmes et les hommes.
Au moment où dans de nombreux endroits du globe des droits des femmes reculent ou sont menacés sous l’impulsion de mouvements réactionnaires et d’extrême-droite, les femmes se re-mobilisent, comme en Pologne récemment. Comme disait Simone de Beauvoir « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant ».
Les mobilisations des 20 et 25 novembre prochains, pour exiger un grand plan de lutte contre les violences sexistes et sexuelles, constitue une étape importante dans la construction d’une mobilisation plus large à laquelle il faut nous atteler dès maintenant, la grève féministe, seul niveau de conflictualité à même de battre en brèche le système patriarcal et d’obtenir des avancées significatives en matière d’égalité.