L’allocution du 13 avril 2020 marque l’entrée en campagne présidentielle d’E. Macron. Plutôt que d’asséner un discours martial et guerrier, il a choisi d’être le président du en même temps, du « ni gauche ni droite ». Pour sa gauche, il a félicité et remercié chaleureusement les fonctionnaires, il a parlé d’aider financièrement les plus pauvres et précaires y compris les étudiant.es qui subissent sa politique de régression depuis 2017. Il a aussi parlé de nos libertés individuelles sans faire l’apologie du tracking numérique. Pour la droite, tout néolibéral qu’il est, Macron n’est pas revenu sur les réformes en cours : assurance chômage, retraites… Pas plus qu’il n’est revenu sur la casse des instances dans les services publics. Enfin, il a confirmé haut et fort que l’économie devrait être relancée rapidement reprenant les souhaits du MEDEF et de sa secrétaire d’État à l’économie Agnès Panier-Runacher. Le gouvernement a déjà montré clairement que la crise sanitaire pouvait servir à remettre en cause les acquis sociaux des travailleur.es, temps de travail comme salaires.
La reprise du travail pour toutes et tous ne doit se faire qu’à partir du moment où l’ensemble des conditions sanitaires la permettant sont réunies. Il est important que le monde médical soit consulté et donne son aval et des directives les plus claires possibles pour ne pas retomber dans une deuxième vague de la pandémie. Aucun.e travailleur.e ne doit être sacrifié.e sur l’autel du profit et de la relance économique.
**Enseignant.es, premier.ères de corvée sacrifié.es ?
C’est pour cela que la réouverture des écoles, collèges, lycées ne peut être élaborée sans garantie du monde médical. Personne n’est dupe que cette réouverture est dans un premier temps réalisée pour permettre aux travailleur.es de retourner au travail. Ce qui pour certain.es est primordial car il leur est impératif de toucher un salaire afin de subvenir à leurs besoins. Personne ne peut nier non plus la nécessité de sortir des enfants du confinement, en particulier celles et ceux des milieux populaires. La fracture scolaire ne peut s’aggraver davantage. Mais, tout cela questionne : est-il vraiment sérieux de créer la possibilité de nouveau foyers ? Comment organiser les déplacements quand on sait que les transports en commun sont des nids à contamination ? Avec des enfants de maternelle ou d’élémentaire la distanciation physique ne veut rien dire. Comment se ferait l’accueil des élèves en petits groupes, sur des journées ou des semaines nécessairement incomplètes ? Sur quels critères objectifs seraient « choisi.es » ces élèves ? Qui accueillerait les élèves des enseignant.es « à risque » ne pouvant être devant élèves ? Et avec quelles garanties sanitaires se ferait l’ouverture des écoles ?
E Macron fait le pari d’un déconfinement progressif, sans plus d’éléments sur cette progressivité et sans aucune garantie sanitaire. Ce pari est dangereux et quand on se fie à toutes les déclarations sur l’école de Blanquer, nous ne pouvons qu’être inquiet.es. Surtout, il semble relever d’une stratégie sanitaire qui s’accommode d’une contagion lente et contrôlée de la population dans la limite des capacités de l’hôpital. Si c’est bien le choix du gouvernement, il doit être exprimé clairement. L’enjeu est éminemment démocratique car chacun.e doit pouvoir se positionner en connaissance de cause. C’est pour cela que la FSU, dans un cadre unitaire large avec la FCPE et les associations pédagogiques, doit interpeller le Ministère pour qu’il clarifie les motivations du gouvernement, porter une reprise potentielle de l’école dans les meilleures conditions possibles, proposer un kit de droit de retrait aux personnels qui souhaiteraient l’exercer, et déposer un préavis de grève pour s’opposer si nécessaire à une reprise chaotique et dangereuse pour les personnels et les élèves.