Valentin Leblanc (Lille)
Le mouvement contre la réforme des retraites a réussi à mobiliser massivement, à redonner confiance dans l’action syndicale et à réunir dans une intersyndicale large des millions de travailleurs sur 14 journées de mobilisation pendant 6 mois. Pourtant, ce mouvement profond et historique s’est soldé par un échec !
Cette défaite doit nous inciter à méditer les leçons de ce mouvement pour construire les stratégies victorieuses de demain. Tout d’abord, l’intersyndicale s’est cantonnée à une stratégie de pression sur le gouvernement en tablant sur la bataille de l’opinion – largement gagnée grâce au travail de communication – mais qui a inhibé toute auto-organisation à la base. Cette modalité d’action s’est trouvé vidée de sa substance car l’intersyndicale dictait par en haut un calendrier sur lequel les équipes militantes ne pouvaient rien dire.
L’intersyndicale s’est également limitée à un seul mot d’ordre : le retrait de la réforme de la retraite à 64 ans. Malgré son aspect fédérateur, cette perspective n’a pas suffi. Les freins liés au coût de la vie, notamment chez les plus précaires, n’ont pas été levés. Il aurait pourtant été aisé de lier fin du mois et retraite pour arracher des acquis immédiats et de long terme.
L’autre vecteur de mobilisation qui n’a pas été pleinement investi par l’intersyndicale, c’est la dénonciation de la violence des institutions de la Vème République, dont l’usage de l’article 49.3 est la quintessence. L’autoritarisme du passage en force de la réforme a constitué un rebond dans la mobilisation. Une journée de grève nationale forte qui dénonce à la fois la réforme et le déni de démocratie, aurait constitué une étape importance et peut-être décisive du rapport de force, surtout si la perspective de la reconductible était clairement posée.
Il nous faut faire le bilan de cette séquence qui doit nous inciter à renforcer notre identité de syndicat de transformation sociale.