Bientôt un an de gouvernance Macron. Si l’état de grâce propre à la 5e république a existé, celui-ci est en phase d’évaporation accélérée au vu des sondages et des élections partielles. Et au-delà de l’efficace marketing que ce président a su construire, il est temps de décrypter la réalité de la politique macronienne et d’en analyser les failles. Attac publiera un livre en Avril dans ce but.
La 1ière caractéristique de cette politique est bien évidemment l’ultralibéralisme économique, au service des 1ers de cordées. Pas de réelles surprises sur ce terrain, si ce n’est qu’il applique son programme à une vitesse et avec une ampleur considérable. A ce niveau de cadeaux fiscaux en faveur des riches et de la finance, Macron se place dans la lignée de Reagan et Thatcher.
Mais il n’est pas assuré que l’injustice fiscale soit acceptée dans notre pays. La question du consentement à l’impôt des privilégiés est aussi vieille que la convocation des Etats généraux de 1789. La multiplication des révélations concernant ces ultras riches qui font acte de sécession ne cesse d’exaspérer. Le gouvernement se voit d’ailleurs obligé de bouger. Et si le projet de loi contre la fraude et l’évasion fiscale prévu en juin se résumera à un effet d’annonce, preuve est faite que la colère montante oblige à déplacer les lignes en dehors du terrain tracé pendant la campagne électorale.
Mais si E. Macron, même mal élu au vu de l’histoire de la 5eme république, peut se prévaloir de faire ce qu’il avait promis sur le terrain économique, cela ne tient plus sur le terrain démocratique.
Un des succès de sa campagne a été d’apparaître comme un réconciliateur moderne, libéral sur le plan économique et « en même temps » libéral, voire progressiste sur le plan sociétal. C’est peut-être là que réside sa plus grande faiblesse, tant l’écart est grand entre l’image qu’il s’est construite et la réalité de sa politique depuis un an, et ce à tous les niveaux.
Au niveau Européen le projet qu’il défend vise à renforcer les travers technocratiques d’une Europe de plus en plus rejetée (voir à ce propos les dernières élections italiennes, et la situation de Renzi devrait l’interpeller).
Au niveau national les élus locaux et les parlementaires sont sous la coupe des technocrates des ministères, avec même le projet de la mise sous tutelle budgétaire des communes via des contrats d’objectifs.
Au niveau social les faits sont loin des discours électoraux sur la place de la société civile. Sa volonté de détruire les corps intermédiaires est manifeste : multiplication des ordonnances, stratégie d’étouffement des syndicats en guise de dialogue social quand ce n’est pas mépris total (voire à ce propos le sort fait aux négociations sur la formation professionnelle).
Il y a là une nouveauté politique, par rapport aux gouvernements précédents, nouveauté à analyser, pour éviter de faire comme d’habitude alors qu’une nouvelle forme de management gouvernemental est à l’œuvre. Car le Business model de Macron est la consécration de la gestion managériale, la consécration de la gestion froide à la place de la politique.
A nous de décrypter les politique menées, et d’en dévoiler la cohérence.
Le « nouveau monde » d’E. Macron est en fait construit sur de très vieilles fondations : un Etat ultra centralisé, renforçant la technostructure, un pouvoir autoritaire, et au service des multinationales et des ultra riches. L’illusion qu’il y aurait dans le macronisme un pendant progressiste au libéralisme économique est en train de s’évaporer (la situation qui est fait aux migrants, la realpolitik froide du soutien à Erdogan devrait être ajouter…), à nous de contribuer à cette clarification.