[*Tout d’abord ça été un vrai succès de participation : plus de 50 000 participants, entre 3000 et 4 500 ateliers,*] mais aussi un vrai succès d’ organisation, grâce notamment aux jeunes volontaires tunisiens, dans un lieu adapté ( très grand campus universitaire), avec de nombreuses salles, de moyens techniques (médias, traductions par émetteurs FM fabriqués par une coopérative tunisienne, réseau Babel d’interprètes volontaires,…).
Selon Alaa Talbi, membre du comité d’organisation du FSM, « sur les 4 000 organisations inscrites, 1 100 sont tunisiennes, réparties sur tout le territoire.
Nous avons là une société civile au pluriel, sur le plan des thématiques et des couleurs. »
Même si le FSM et le mouvement altermondialiste a perdu de sa force de propulsion et de propositions, ce FSM fut incontestablement un moment politique d’échanges, de rencontres avec la jeunesse et les forces progressistes tunisiennes, de jonction entre le processus révolutionnaire tunisien et le mouvement altermondialiste, même très affaibli.
Le choix de tenir un FSM dans un pays qui connait un processus révolutionnaire, a permis une dynamique nouvelle qui pourrait, devrait inspirer les mouvements européens , en pleine crise.
Le Forum s’est ouvert avec l’assemblée des femmes qui a fait salle comble et a donné d’emblée une tonalité pleine d’enthousiasme et de verve.
Ahlem Belhadj, présidente de l’association tunisienne des femmes démocrates souligne l’importance de la solidarité internationale : « les femmes ont besoin de lutter ensemble contre le front monétaire internationale et la banque mondiale ».
Le rejet d’un système économique ultra-libéral inspire aussi les slogans qui rythment la grande marche d’ouverture du Forum qui a rassemblé environ 15 000 manifestants.
Au-delà des débats sur la situation du « Printemps Arabe », auquel ont été consacrés de nombreux séminaires et activités, donnant à voir et entendre un mouvement, une gauche sociale et politique déterminée, qui cherche à construire une unité, d’autres thématiques ont eu une centralité particulière.
Les luttes féministes, les débats sur la démocratie, la Dette et la justice globale mais aussi le mouvement international pour la justice climatique, avec un « Espace Climat » au sein du FSM afin de discuter des stratégies à venir, des convergences et des perspectives.
Evidemment le FSM parce qu’il rassemble toutes sortes de forces, de régions connait aussi en son sein des conflits qui n’ont pas toujours été faciles à gérer : la présence de Syriens pro-Assad par exemple (qui se sont attaqués aux opposants), des Marocains opposés à l’auto-détermination des Saharaouis.
Il y eut aussi bien sûr des débats ardus aussi sur la question de la laïcité.
La présence des européens et en particulier des Grecs était limitée et on sent que le mouvement en Europe est faible, en grande difficulté au moment où il s’affronte à une crise sans précédent.
Le succès du FSM peut-il avoir un effet au niveau européen?
Et même avec ce succès les défis auxquels fait face le mouvement altermondialiste sont de taille : comment organiser des mobilisations concrètes?
Comment s’appuyer sur les résistances réelles -mais très inégales- qui existent localement ? Comment imposer des victoires mais aussi peut être plus modestement se mobiliser pour organiser la solidarité internationale concrète face à des situations d’urgence en prenant en compte l’exemple de la Grèce ?
La dynamique sociale se situe aujourd’hui dans le monde arabe et aussi d’une certaine façon en Europe avec les nouveaux mouvements : Indignés, Occupy street…
Le défi consiste à avancer vers une coordination indispensable, une convergence des résistances qui soit capable d’affronter la barbarie capitaliste.
Sophie Zafari