Généraux félons, manifs de policiers non républicains, unes provocatrices de Valeurs actuelles, propos de Darmanin, manif de génération identitaire autorisée et celle en soutien au peuple palestinien interdite, tout conduit à rendre l’avenir bien gris. De leur côté, les libéraux jouent aux apprentis sorciers et renvoient dos à dos l’extrême droite et les « islamos-gauchistes », quand les libéraux au pouvoir font le choix électoraliste d’assumer qu’il n’y a qu’une opposition néo-fascistes, ils brouillent les messages.
A l’échelle internationale les gouvernements nationalistes autoritaires, les néo-fascistes ou ultra réacs se multiplient : Bolsonaro, Netanhyaou, Orban, Erdogan, et récemment Trump…
Nous sommes toutes et tous conscient-es que la prise de pouvoir du RN aux prochaines élections est possible, effrayante mais possible.
« Partout, partout, ils avancent, voilà voilà que ça recommence »…
Et pourtant, ce que montre la thèse de Florent Gougou c’est que la population déclare nettement moins d’opinions racistes en moyenne aujourd’hui que dans les années 1970, à une époque où l’extrême droite était électoralement groupusculaire. Désormais les électeurs/rices se déterminent électoralement beaucoup plus sur les questions phares de l’extrême droite (sécurité, immigration) qu’ils/elles ne le faisaient lorsque les questions socio-économiques étaient au 1er plan … cela après un an de crise sanitaire, de chômage partiel, de suppressions d’emploi… Le rapport annuel de la CNCDH de 2019 sur le racisme en France montre que le seuil de tolérance est de plus en plus élevé mais que le racisme est de plus en plus agressif. Mais aussi que « 77 % des Français-es estiment qu’au cours des prochaines années, il faudra accorder la priorité à « l’amélioration de la situation des salariés ».
Alors, il nous faut clarifier très rapidement ce que nous voulons ou comptons faire. Faut-il chercher ce qui divise le mouvement ouvrier ou au contraire trouver tout ce qui peut permettre de faire l’unité ? Est-ce que le U que nous trimballons dans toutes les manifs est un outil ? Nous devons en être intimement persuadé-es.
Le mouvement social ne peut pas se fixer comme seul objectif de renouveler les grandes manifestations et les professions de foi anti racistes des années 90. Ces dernières n’ont pas permis d’enrayer la montée de l’extrême-droite.
Il faut donc à nouveau remettre au cœur la question sociale et faire renaitre l’espoir. Car lutter contre l’extrême droite sans lutter contre les injustices est aussi inefficace que lutter pour l’écologie sans lutter contre le productivisme.
Et c’est le rôle des organisations syndicales de faire ré émerger cette question dans la sphère politique. Car l’extrême droite, pour paraphraser Gramsci, est en train de gagner la bataille culturelle.
Mais il faut surtout, être de toutes les initiatives de rues contre le péril fasciste. Nous devons être, tout-es et tous uni-es contre l’extrême-droite, dans la rue le 12 juin, aux côtés des politiques (même si tout le monde n’y est pas…) mais aussi de nos camarades de la CGT, de Solidaires, de l’Unef, de celles et ceux de la LDH, d’Attac et d’autres.
Nous ne devons pas ériger des murs entre le mouvement social, associatifs et politiques.
Cela ne suffira sûrement pas, il faudra des suites et faire monter un immense élan anti fasciste et pour la justice sociale. Mais en être absent-es serait clairement une faute, en refusant de renforcer une initiative qui sera observée sans alternative opérante. Certain-es oppose l’argument de l’indépendance syndicale. L’indépendance syndicale, c’est être sur de sa force, de sa démarche au sein des processus unitaires, ce n’est pas s’en tenir éloigner au motif qu’il y a un risque de récupération, risque qui d’ailleurs s’applique autant à la participation qu’à la non participation le 12 juin.
La place du SNUipp et de la FSU est dans le mouvement social, radicalement antifasciste, radicalement antilibéral pour faire germer l’espoir d’un monde meilleur.