Nous vivons forcement un Conseil National particulier. Les actes barbares voulant mettre à genoux le peuple, la jeunesse dans toute leur diversité nous meurtrissent.
Pour autant, ce terrible 13 novembre ne doit pas être l’occasion de restreindre les libertés publiques. L’instauration de l’état d’urgence et les éventuelles conséquences pour les salarié-es et citoyens en France peut être inquiétant. Il serait paradoxal que les manifestations citoyennes ou syndicales des prochaines semaines ne puissent pas se tenir alors qu’elles ont pour thèmes centraux les libertés, le droit, la lutte contre les violences patronales, les violences faites aux migrants ou la question de la justice climatique, et qu’elles sont l’expression de cette démocratie visée par les attentats.
Avec la loi « renseignement », on peut constater depuis quelques mois l’extension de la surveillance de beaucoup de gens, dont les journalistes et les syndicalistes mais on est passée а côté des vraies menaces, essentiellement celle du terrorisme. Pour assurer la vie des citoyens du pays, une réorientation politique est nécessaire ! Une politique qui rejette le terrorisme de Daesh, mais qui arrête également d’alimenter toutes sortes d’amalgames de nature raciste et xénophobe, qui prospèrent sur des terrains marqués par le chômage et l’exclusion sociale.
Les annonces du président de la République hier devant le congrès ne peuvent que nous inquiéter car, non seulement elles ne répondent pas à un risque potentiel d’attentat mais elles sont des restrictions importantes des libertés et des fondements de l’état de droit.
Parlons de la déchéance de nationalité, de l’expulsion des binationaux. Ces mesures proposées par le gouvernement et applaudies de la droite au Front National sont injustes, alimentent le racisme et stigmatisent les populations les plus fragiles.
Dans la même veine, l’adaptation de la légitime défense des policiers, vieil antienne de l’extrême droite est proposée comme réponse à la menace terroriste. Elle fait surtout encourir un risque aux jeunes des milieux populaires, aux plus précaires et aux immigrés.
La révision constitutionnelle, quant à elle, veut faire de l’état d’exception, l’état permanent. C’est là aussi une remise en cause des libertés publiques. Je trouve fort juste les propos du syndicat de la magistrature qui dit que «Lutter contre le terrorisme, c’est d’abord protéger nos libertés et nos institutions démocratiques en refusant de céder à la peur et à la spirale guerrière.»
Nous ne pouvons pas accepter la prorogation de l’état d’urgence ni la révision constitutionnelle. L’état de droit ne peut être répété à l’envie par le chef de l’état et remis en cause dans la pratique avec un arsenal d’interventions s’affranchissant du contrôle de la justice, permettant la multiplication des écoutes, des perquisitions, des fouilles.
Il nous faut pour lutter contre la barbarie réaffirmer notre attachement à la liberté et à la justice sociale.
Notre responsabilité passe par la construction de cadre unitaire de mobilisations les plus larges pour défendre la liberté, la justice, le droit d’asile et obtenir de nouveaux droits.