« Puisque c’est l’argent qui nous a amenés à négliger l’écologie, vous pensez qu’on pourra acheter une nouvelle planète ? »
Voilà les mots simples mais tellement vrai d’un collégien qui interpellait Emmanuel Macron la semaine dernière.
Cette phrase doit résonner dans notre syndicat, dans notre fédération comme un électrochoc. Un électrochoc qui va se poursuivre dès cette fin de semaine entre les grèves scolaires pour le climat qui reprennent et la marche de samedi 16 à laquelle, je l’espère, nous serons nombreux.euses à participer.
Car si l’urgence est certaine, nous sommes loin du compte en terme de changement. Et ce ne sont pas les grands forums mondiaux de type COP24 qui apportent à ce jour les réponses. Elles sont donc à construire, collectivement mais très rapidement, du côté du mouvement social en général et syndical en particulier.
La jeunesse ne nous a pas attendu , et nous ne saurions lui donner tort.
Car il y a un enjeu pour le mouvement syndical : les changements structurels qui doivent s’opérer doivent nous permettre de mettre en avant des revendications fortes et faire la démonstration pratique du mot « transformation sociale ».
Cela doit par exemple nous permettre de lier les questions démocratiques et questions productives : qui produit, comment et pourquoi faire.
Cela pourrait aussi nous permettre d’avancer sur la question de la répartition des richesses et de l’égalité car ce sont les personnes les plus vulnérables qui seront les premières touchées.
Cela pourrait enfin questionner le système capitaliste en temps que tel, car comme l’écrivait déjà Daniel Tanuro en 2010 dans son livre « l’impossible capitalisme vert », la recherche permanente du profit et l’écologie sont antinomique : il n’y a pas d’adaptation possible, il faut changer de logiciel.
Ce n’est pas le sens de la tribune de Hulot et Berger : à aucun moment l’aspect structurel n’est remis en cause.
Parce que là aussi, comme dans le champ syndical traditionnel, il y a bien deux syndicalismes : l’un d’accompagnement qui ne vise qu’à atténuer les effets d’un système qui tue pourtant la planète, l’autre de transformation sociale qui veut changer les paradigmes, remettre à l’endroit ce qui ne tourne pas rond. Et nous sommes sensés appartenir à ce dernier.
A nous d’être force de proposition avec nos partenaires de la transformation sociale. Et la FSU aurait été avisé d’être en accord avec ses mandats en signant l’appel « nous marcherons ensemble pour un printemps climatique et social » avec la LDH, Oxfam, Attac, le MRAP, la CGT, Solidaires et d’autres … mais peut-être est-il encore temps de rattraper cette regrettable absence.
Et il faudra aussi sortir un peu le syndicalisme de sa zone de confort, le bousculer pour prendre nos responsabilités et essayer de mobiliser sur des objets qui ne sont pas directement lié à nos métiers. Appeler à des grèves pour le climat, ne pas être dans un simple « soutien » passif doit pouvoir s’envisager et rapidement.
Car les mots du collégien que je citais au début n’auront pas plus de réponses que nos déclarations si nous ne nous battons pas pour les avoir. Et ça, ce ne sont surement pas la CFDT ni l’UNSA qui le feront.
Le mois de mars voit les colères s’agglutiner, se mélanger, parce que les logiques à l’oeuvre sont les mêmes. Dès lors à nous de faire résonner ce slogan dans nos cortèges :
Fin du monde, fin de mois, même Macron, même combat