La FSU va donc signer le protocole d’accord dit PPCR.
Certains, ici, s’en réjouissent au-delà de toute mesure. Pour ceux-ci, même la signature majoritaire de l’accord n’est pas prioritaire ; il s’agit seulement de montrer que la FSU est enfin devenu un syndicat responsable et moderne, inutile de décrypter ces deux termes. Mais laissons ces « camarades » ultra-minoritaires bien qu’influents à leur responsabilité justement.
D’autres estiment que cette signature est une véritable trahison : au-delà du fait que l’accord contient plus ou moins de positif ou de négatif, ceux-ci considèrent que signer, voire négocier avec un gouvernement dont on voit bien que les priorités sont tout sauf sociales est inimaginable… Bon, c’est oublier un peu vite que la FSU a signé les accords de Bercy sous Sarkozy, au côté de la CGT et de Solidaires, il est vrai.
La question est donc maintenant de savoir ce que l’on fait de cette signature, mais pour ça, il est d’abord nécessaire de revenir sur sa genèse.
Revenir d’abord sur les points plutôt positifs : la FSU, dès que le gouvernement a bien voulu donner des textes écrits aux négociateurs, les a rendus public ; elle a initié une intervention unitaire pour peser sur le texte et y faire entrer un rendez-vous salarial régulier ; enfin, la plupart de ses syndicats nationaux a consulté les personnels, syndiqués ou non sur le contenu et l’opportunité de signer ou de ne pas signer l’accord.
Revenir ensuite sur les manques : d’abord la faiblesse du rapport de force, et là, il n’est évidemment pas question de peser la responsabilité plus ou moins partagée entre les personnels et leurs organisations syndicales : le principal responsable est le gouvernement et les médias qui laissent penser qu’il n’y a point de salut hors de l’austérité ! Néanmoins, on peut s’interroger sur le manque de pugnacité des organisations syndicales à l’entrée en négociation : le préalable de la revalorisation du point d’indice n’a peut-être pas été porté avec suffisamment de force. Ensuite, publier les textes, c’est une chose, réunir les collègues pour en discuter aurait permis une plus grande appropriation des enjeux. Enfin, mobiliser tout au long des négociations est la base même de notre syndicalisme de lutte et de transformation sociale et cette volonté de mobilisation a singulièrement fait défaut, nous devrons nous en souvenir.
Il faut maintenant revenir sur l’épisode de la position du SNUipp dans la prise de décision de la FSU. D’abord, à la demande de nombreuses sections départementales et après discussion en secrétariat national, le SNU a pesé pour retarder la prise de position de la FSU, sans succès…
Ensuite, la répartition initiale des votes 5 pour 3 contre 4 NPPV me parait faire correctement l’équilibre entre les positions des sections, des personnels, des syndiqués, des SN (qui font, au même titre que les SD partie de la direction nationale…).
Sur la demande de vote indicatif, nous le faisons régulièrement dans nos instances, l’avons déjà fait dans la FSU, il n’y a donc rien de scandaleux là-dedans.
Enfin, le changement dans la répartition des votes. Sur le principe, comment s’en offusquer : à quoi serviraient les instances si tout le monde arrivait avec des mandats impératifs ? Que dirions-nous d’une instance où seule une partie de la délégation a un vote bloqué ? Sur le résultat final, on peut discuter à l’infini, je suis moi-même partagé, il est vrai que la position du SNU (mais pas seulement) a permis d’atteindre les 70 %, mais comment ne pas entendre la forte majorité, comment ne pas entendre une très grande partie des syndicats nationaux, en particulier certains d’entre eux syndiquant en majorité des catégories C. Il ne faut pas oublier que la règle des 70 %, constitutive de notre fédération, ne sert pas à construire des minorités de blocage, mais à construire des positions largement partagées et à éviter le fait majoritaire ?
Nous signerons donc, sans doute de façon minoritaire et en nous isolant des autres organisations de transformation sociale… qu’importe maintenant, nous avons voulu une signature offensive, eh bien passons à l’offensive !