Damien Besnard (BN, Créteil)
Royaume-Uni, États-Unis, Brésil, Iran… et jusqu’aux bancs de notre AN, la situation à l’internationale met en évidence des tensions politiques et sociétés clivées sur tous les continents. L’explication tient sans doute en partie à l’empilement des crises que nous traversons : crises diplomatiques en Asie, guerre en Ukraine, crise climatique, crise migratoire… Au-delà nous pouvons aussi faire l’analyse – pas très neuve –, dans ce contexte, d’une réactivation plus franche de la lutte des classes ; mais ce sont bien les plus riches qui sont à la manœuvre afin de continuer à accroître leurs profits, au détriment de la majorité de la population et de nos droits.
En France, ces enjeux du partage entre les prétentions du Capital et les revendications du Travail seront bientôt présents lors du prochain débat sur les retraites. Le gouvernement cherche à faire baisser le niveau des pensions pour mieux laisser la voie aux fonds de pensions et autres complémentaires privées. Il ne s’agit en rien de sauver notre système des retraites et le Code des pensions. Le gouvernement argumente aussi sur la nécessité de travailler plus pour financer et investir dans la santé, l’éducation, etc. L’objectif est donc bien de faire payer aux salarié·es le moindre investissement de l’État dans les prochaines années. La FSU doit dénoncer ces tours de passe-passe dans les comptes des retraites et sur le salaire socialisé, tout en faisant la preuve que d’autres sources de financements existent pour les services publics comme pour les comptes sociaux. D’ores et déjà les organisations syndicales doivent se concerter et ne pas compter sur le Parlement pour mettre en échec ce projet.
Dans l’éducation, la question du « nouveau pacte » en négociation doit évidemment être dénoncé comme une nouvelle tentative libérale pour imposer cette idée du « travailler plus pour gagner plus ». Nous devons continuer à mettre ce refus en perspective avec la réalité du temps de travail moyen des collègues. Comment peut-on penser qu’il soit possible de nous demander d’en faire davantage, alors que les personnels sont épuisés et que la crise de recrutement se poursuit ? Les chiffres ne mentent pas, nous devons faire campagne sur notre temps de travail qui est de 43h par semaine. Il faut mettre en avant les conséquences de ce pacte et de la dégradation de la qualité du service d’éducation qui en découlera forcement, sans parler des inégalités nombreuses que cela continuera de creuser (liées au genre, conditions physiques, âge…). Nous savons aussi que cet alourdissement de nos obligations de services a été l’un des leviers qui accompagnait les suppressions de postes ces dernières années, et également un moyen de palier le refus d’investir sincèrement dans l’école publique. Le parallèle avec la situation de l’hôpital public peut est être tracé sans problème, et nous devons sonner l’alarme. Les personnels ne peuvent accepter une dégradation supplémentaire de leurs conditions de travail pour compenser l’incapacité de l’État à recruter. Nous pensons donc que le SNES-FSU doit continuer d’exiger une revalorisation salariale sans conditions. Mais nous pensons aussi qu’il est nécessaire de remettre en avant nos mandats d’allègement du temps de travail incluant la concertation, et peut-être aussi toutes les réunions et autres rencontres qui se sont multipliées ces dernières années. Nous rejoignions d’ailleurs ici d’autres tendances à l’œuvre dans le privé, où les salarié·es refusent de plus en plus d’être corvéables au mépris de leur équilibre psychologique, physique, familial, etc.
Pour résumer et dans l’optique de commencer à discuter sur nos perspectives d’action, nous pensons que nous devons mener de concert le combat contre la réforme des retraites et celui pour les salaires et nos conditions de travail. Il ne peut être question de saucissonner nos luttes, au risque d’être inefficace et de diluer la combativité des collègues, mais surtout, parce que ces questions sont fondamentalement liées du fait de la nature de notre système de financement par répartition. Aux éléments de langage du gouvernement, nous devons nous aussi répondre en faisant œuvre de « pédagogie » (sic), pour marteler que des comptes sociaux en équilibres passent d’abord par le montant des cotisations de notre salaire socialisé. Nous pensons donc que c’est en ce sens qu’il nous faudra également nous mandater dans le cadre des discussions de l’interpro nationale.