Les priorités, les préoccupations exposées par le secrétariat général, nous les partageons. Nous nous questionnons cependant sur des choix stratégiques depuis la rentrée.
La stratégie de l’essuie-glace est celle du gouvernement : une annonce en efface une autre pour empêcher toute réaction de s’installer dans la durée. D’où l’urgence de lancer des campagnes larges.
La CGT, un de nos partenaires privilégiés, prend sa part des fronts qui s’ouvrent : en combattant de manière sincère les ordonnances Macron-Pénicaud elle montre la disponibilité d’un partie importante du salariat à la mobilisation. L’isolement dont elle use est sans doute regrettable, mais est-il de son seul fait ? A-t-on vraiment tenté de s’associer pleinement à son action et en a-t-on franchement la volonté ?
Nous sommes capables nous aussi de lancer des appels francs à la grève comme pour le 10 octobre prochain et de rassembler autour de nous un arc large. Pourquoi hiérarchiser autant nos batailles ? La hiérarchie que nous opérons n’est pas si claire dans l’esprit de nos collègues.
Les heures syndicales que nous avons toutes et tous animées à l’occasion de la pré-rentrée, les discussions que nous avons pu avoir avec nos camarades et collègues montrent que la caractérisation rétrograde de ce gouvernement dans leurs raisonnements ne passent pas spécifiquement par ce qui se passe dans la FP, notamment pour les plus précaires d’entre-eux. Ils ne mettent pas d’un côté les ordonnances travail, de l’autre la suppression des contrats aidés, et les attaques catégorielles. Ils voient la cohérence de l’ensemble et ils aspirent à l’unité.
Au sujet de l’unité par ailleurs ils n’opèrent pas particulièrement de hiérarchie entre un front syndical d’un côté et un front politique de l’autre. Ils discutent tout autant de la journée du 12 appelée par la CGT que de la grande manifestation du 23 appelée par FI. Une chose est sûre : ils ne réfléchissent pas aux lignes rouges qu’ils souhaiteraient ne pas voir dépassées par ce gouvernement mais à la ligne d’horizon que pourraient bien leur proposer les forces progressistes à travers une unité la plus large des forces de lutte et de transformation sociale.
A cette aune, un certain nombre d’initiatives peuvent nous interpeller, je pense particulièrement au meeting du Havre (situation particulière qui aurait vocation à s’élargir…) : appelé par la FSU, la CGT, l’UNEF et Solidaires il avait invité François Ruffin, Philippe Poutou et Jean-Paul Lecoq (député- PCF). Il y a ainsi eu sur cette ville une excellente occasion de clore une journée d’action syndicale par l’exposé idéologique des mesures à l’oeuvre et par des perspectives politiques.
Nous sommes à la croisée des chemins : combativité ou moindre mal ? Appels larges et massifs à la grève ou négociation à froid ? Sur bien des sujets, nous penchons un jour d’un côté, un jour de l’autre.
Aussi, si nos conditionnons désormais nos appels à la grève à des situations catégorielles et / ou à un arc syndical très large, nous n’y appèlerons que trop rarement…
Nous agissons comme si l’arc syndical tissé contre la loi El-Khomri ne prévalait plus, mais comme si nous voulions être au centre d’un arc qui irait de la CFDT à Solidaires. Un trait d’union en somme. Je vous mets en garde sur un tel positionnement : il a de forte chance de cannibaliser notre capacité d’intervention par les deux bouts. Il suffit de constater sur le champ politique la place laissée entre FI et En Marche : si notre avenir électoral en 2018 est à l’image de celui du PS en 2017, j’invite notre trésorier à faire estimer dès maintenant le prix du 46 avenue d’Ivry…
Aussi que ce soit sur le bac, sur les emplois aidés, sur la situation en collège, les effectifs en lycée, il faut créer des fronts offensifs et même préventifs qui exposent au grand jour ce que nous voulons sur ces dossiers pour être solides au moment de s’opposer au ministère et ne pas chercher des aménagements dans les interstices laissés. Le communiqué commun évoqué par notre secrétaire général est de ce point de vue un bon début. J’y adjoindrai la possibilité de quitter ces GT APB (groupes de travail sur les admissions post-bac) si leur contenu reste tout aussi indigent et ceci pour montrer au niveau médiatique que ce gouvernement qui se pare de concerter largement se moque du monde.