Intervention CPGE
Le texte proposé ne permet pas une réflexion sur ce que représentent les CPGE et grandes écoles.
Il les définit comme une simple diversification des parcours que l’on pourrait financer de manière égale, et il suffirait d’apporter une dose de mixité sociale pour les démocratiser.
Cette vision est d’une part une vision à court terme de la question de l’orientation post-bac, et d’autre part, elle renforce la fiction de la réussite scolaire par le mérite individuel. Fiction nécessaire au fonctionnement d’un système éducatif parmi les plus inégalitaires de l’OCDE. Les CPGE et grandes écoles constituant la clé de voûte d’un système dont le but est le tri social, fondé sur la sélection des élites d’une part, et la constitution d’une main d’œuvre docile, taillable et corvéable d’autre part.
Si nous voulons une Ecole de la réussite pour toutes et tous, une Ecole émancipatrice qui offre à toute une génération des savoirs et une culture commune, nous devons être cohérents dans nos mandats.
Nous ne pouvons pas vouloir changer le système, le démocratiser (pas uniquement quantitativement mais qualitativement), en laissant en place l’aboutissement d’un système inégalitaire.
Nous ne pouvons pas vouloir une Ecole démocratique en maintenant sa structure élitiste. Ce faisant, nous alimentons le mythe méritocratique et la manipulation qu’il engendre.
Alors comment comprendre la défense acritique des CPGE et grandes écoles par le SNES autrement que par le tendre attachement de la part de ses nombreux et nombreuses militant-es qui y ont effectué une partie de leur formation ou qui y enseignent ?
Plutôt que de revendiquer l’ouverture des CPGE à plus d’enfants de familles populaires, revendiquons leur suppression et l’affectation de leurs moyens à l’université.
L’accès à une démarche intellectuelle ou technique rigoureuse, à une ouverture à la culture ne doit pas être un privilège réservé à une minorité, mais un droit pour toutes et tous dans un cadre universitaire.