Intervention sur ce que défend le SNES sur formation des enseignant-es dans la période
Une pétition SNES, SNEP et SNUEP est actuellement en ligne pour demander l’augmentation du nombre de postes aux concours. Cette pétition ne doit pas seulement servir à faire de l’œil aux étudiant-es en leur montrant que le SNES fait de l’agitation sur le sujet. A Ecole Emancipée, nous nous demandons si un élargissement est envisagé, et pensons qu’il faut accompagner cette pétition d’actions même symboliques.
A ‘EE, nous pensons qu’une approche fédérale sur la question de la formation des enseignant-es est une nécessité. Nous avons appris avec une certaine stupeur que le décrochage 1er/2nd degré avait été présenté comme une possibilité par le SNES lors du CA Educ de la FSU la semaine dernière. Le SNES n’a bien-entendu pas à s’aligner sur les mandats du SNUIPP, mais la réflexion qui irrigue les autres syndicats de la FSU doit nourrir la nôtre.
Cela doit être le cas par exemple sur la formation et les ESPE, car les camarades du SNESUP goûtent assez peu la teneur des critiques que le SNES a récemment formulées. Non que le SNESUP ne partage pas un certain nombre de constats, mais faut-il opposer formateurs et formatrices d’un côté, et stagiaires de l’autre, en oubliant que les ESPE souffrent d’un grave manque de moyens, et que le stage en responsabilité est trop lourd ?
Par ailleurs, le ministère pense palier la crise du recrutement en ayant recours à des contractuel-ls. Le réseau des ESPE et l’IG proposent une admissibilité en L3 (et non un concours complet), suivie de 2 années de master en alternance conduisant à une admission décidée par un jury. C’est le retour, en pire, des contractuel-les admissibles.
Lors du comité de suivi des ESPE, Filatre, qui doit rendre un rapport en février, a parlé d’inflexions, mais pas de modifications de fond de ces projets. Les sources n’étant pas anodines, le SNES doit anticiper. A EE, nous pensons que le texte de la CAN doit dénoncer ces projets qui s’opposent à ce que défend le SNES dans la FSU : un concours national, une formation de haut niveau, sous statut d’élève-fonctionnaire.
L’amendement École Émancipée sur le projet de réforme envisagé par l’Inspection Générale et le réseau des ESPE :
« Concernant la structure de la formation des enseignant-e-s et CPE, deux sources différentes avancent des propositions proches. Le réseau ESPE et l’inspection générale envisagent de placer les épreuves d’admissibilité du concours en fin de licence et celles d’admission en fin de master. Espacer ainsi les épreuves laisserait les étudiant-es dans l’incertitude d’obtenir le concours pendant deux ans et ne serait pas à même d’attirer davantage de candidat-e-s. Par contre, ce serait l’occasion de développer les masters en alternance et de recréer le dispositif des contractuel-le-s admissibles. On sait pourtant que le travail comme contractuel-les représente un obstacle supplémentaire à la réussite aux concours. »
Explication de l’amendement :
C’est donc par le retour, en pire, des contractuel-les admissibles, que le ministère prétend palier la crise du recrutement. Et il risque d’y parvenir : l’injection de contractuel-les admissibles sur le terrain permet de continuer à baisser le nombre de postes aux concours.
Ces collègues risquent de signer des contrats plus précaires les uns que les autres, comme cela a déjà été le cas pour les alternants en master de la circulaire Chatel de 2011, les contractuel-les- admissibles de Peillon en 2014, et les M1 alternants Vallaud-Belkacem de Créteil (payés à l’indice 515).
Cette entrée dans le métier par la précarité est assurément le système qui coûtera le moins cher, et qui aura des conséquences vraisemblablement très négatives sur les volumes et les contenus de formation, va fragiliser le concours national et faciliter la suppression d’emplois de fonctionnaires.
Il ne s’agit pas de rumeurs, mais de projets. De projets ficelés, et défendus par plusieurs organisations : le réseau des ESPE, l’Inspection générale, mais aussi Terra Nova, qui avait déjà préconisé une solution très voisine lors de la consultation Peillon. Christian Couturier du SNEP analyse ce projet dans un article publié à la fois dans son bulletin et dans la revue UA. Pourquoi le SNES n’en dirait rien ? A École Émancipée, nous pensons que le texte de la CAN doit dénoncer ces projets qui s’opposent à ce que défend le SNES dans la FSU : concours national, formation de haut niveau sous statut d’élève-fonctionnaire.