A l’image de la société, l’Ecole est ghettoïsée, pour ne pas dire ségréguée tant les inégalités sont grandes. Quoi de commun en effet entre un collège de Neuilly sur Seine et un collège d’un quartier relégué de Roubaix, où 50% de la population vit sous le seuil de pauvreté, qui scolarise des enfants Roms pourchassés.
L’École tend à renforcer encore ces inégalités et aujourd’hui, l’autonomie des établissements est porteuse de dangers supplémentaires. Et quand ce n’est pas par le jeu des options, c’est par le biais de dispositifs tels que l’AP qu’impose la réforme du collège que se mettent en place des groupes de niveau – « groupes de besoins », disent-ils. C’est en donnant moins d’École à celles et ceux qui en ont le plus besoin par la suppression du redoublement ou par le plafonnement à 26 heures d’enseignement. Mesures qui s’ajoutent aux inégalités grandissantes entre les territoires, notamment du fait de la réforme territoriale.
A chaque nouveau drame depuis janvier 2015, l’École a été montrée du doigt. Elle aurait failli à sa mission. L’enjeu est donc d’importance.
Il s’agit clairement de redonner leur place à l’École à tous les élèves. Une École qui leur permette d’apprendre, de s’élever, de devenir des citoyens conscients et acteurs de la société.
La tentation serait donc grande d’insuffler davantage de mixité sociale à l’École. Mais dans ce cadre, si la carte scolaire compte, elle ne suffira pas. Quant à des mesures de discrimination positive visant à scolariser des enfants des quartiers populaires dans des établissements favorisés, cela nous semble illusoire – pour ne pas dire contre-productif.
Ce dont nous avons besoin, c’est de moyens supplémentaires qui permettent à la communauté éducative d’exercer pleinement son métier, en termes de formation, d’effectifs, de temps collectif pour travailler ensemble. Face à une politique scolaire qui désigne toujours plus l’individu comme responsable de son échec, nous devons construire l’égalité à l’École pour construire une société égalitaire et solidaire.