La faible participation n’est pas le marqueur d’un problème de mode de scrutin (qui a joué mais pas massivement : à La Poste le scrutin est électronique et la participation va bien au-delà). C’est le marqueur d’une forme de défiance vis-à-vis du syndicalisme ou en tout état de cause d’un sentiment d’inutilité, d’inefficacité. Aussi il nous faudra regagner la confiance des abstentionnistes, en poursuivant une vaste stratégie d’implantation et de conviction (l’enquête Militens nous outille sur ces points). Les stratégies de syndicalisation sont à renforcer, il ne faut pas compter uniquement sur nos capacités d’action individuelle auprès des collègues pour les convaincre. Le volontarisme militant a été très marquant comme le soulignent les scores de participation corrélés à notre implantation, mais cette stratégie trouve ses limites lorsque notre implantation stagne ou reflue. Ainsi si le problème de la fidélisation des sympathisant·e·s se pose, force est de constater que c’est souvent par sympathie avec le·la représentant·e du SNES que le vote se porte sur nous que par sympathie pour le SNES en tant que tel et cela pose problème.
La confiance s’érode aussi dans le gros de notre électorat : les professeurs, le glissement de plus d’un pourcent des voix, notamment en direction de la CGT doit nous interroger sur notre orientation syndicale, notre défense absolue des mesures PPCR (y compris les modalités d’évaluation) a sans doute joué dans cela. Le recul en point plus important chez les certifiés doit aussi nous interroger sur notre efficacité d’action quand il s’agit d’arrêter les contre-réforme, les collègues ne semblent pas avoir été hyper convaincu par la stratégie « grain de sable » contre la réforme du collège, nous verrons si la stratégie « goutte d’huile » présentée dans ce CN sur la réforme du lycée portera ses fruits.
Le scrutin montre aussi notre fragilité chez les non-titulaires, les effectifs de votant sont très faibles et le volontarisme militant de la CGT dans certains département nous fait parfois passer en second en nombre de voix. Ainsi il nous faudra être beaucoup plus volontaristes dans la construction du syndicat chez les non-titulaires dont la présence se renforce. Sans volontarisme, la précarisation conduira à la fragilisation du syndicalisme comme dans les autres services publics déjà démantelés (postes, énergie, télécommunications…). Le vote plus important des AESH en collège peut s’expliquer par la proportion plus importante d’entre-elles au CDI. Les AESH deviennent un vrai métier dans nos salles des profs, c’est bientôt le quart des présent·es à la récréation dans certains établissements.
Le résultat nous oblige fortement. Notons aussi que si la FSU conserve sa force au conseil commun, c’est aussi grâce au fait que l’Education soit le secteur qui a le moins perdu de postes depuis le dernier scrutin. D’autres secteurs montrent une hémorragie. La FSU garde sa bonne place uniquement en reculant moins que les autres (à l’image de la CFDT qui devient première « public + privé » uniquement car elle perd moins au niveau global). La FSU devient une force charnière, les forces syndicales dites « réformistes » (ce que j’appellerai le syndicalisme fourrager, qui engrange même les chaumes pourris sur pied) pesant à peu près 40 % dans la FP auront besoin de la FSU pour qu’un accord soit majoritaire dans la fonction publique, ainsi la FSU risque souvent de se trouver dans la situation de basculer. Soit elle signe aux côtés de ceux qui signent quelques soient les avancées obtenues, soit elle est capable de penser avant tout au rapport de force, de maintenir ses attaches avec ses partenaires de transformation sociale (Solidaires et la CGT).