Si le gouvernement ne remet pas en question la structuration en trois voies, c’est bien parce que celle-ci est un puissant outil de reproduction sociale. La défense de ce modèle semble répondre à une préoccupation juste : permettre à chaque élève de trouver la voie de la réussite. Et face aux difficultés de certains collégiens et collégiennes, l’horizon offert par les trois voies peut rassurer.
Mais cette vision repose sur l’idée que l’échec en collège a sa solution au lycée. Cela conduit certains et certaines élèves à une forme de renoncement scolaire. Les familles et nous-même parfois laissons s’installer ce renoncement chez une frange de collégiens et collégiennes qui de toute façon trouvera sa place dans la voie professionnelle.
Nous pourrions cependant changer de point de vue et réfléchir à ce qu’un lycée commun et unique pourrait apporter au collège. En devenant l’horizon commun à tous les élèves, il agirait comme un moteur de réussite pour le collège. Par exemple, cela permettrait que tout l’horaire d’enseignement soit consacré aux apprentissages disciplinaires et non plus aux actuels et nombreux dispositifs dilatoires : orientation, stages en entreprise, actions en lien avec les parcours et tout ce qui est prétendument utile à la vraie vie.
Afin de permettre à tous les jeunes d’acquérir les capacités de réflexion et d’analyse nécessaires à leur émancipation, le collège et le lycée doivent se concentrer sur la transmission des savoirs disciplinaires et repousser la spécialisation après le bac.
Pour l’École Émancipée, le lycée unique polytechnique est un moyen pour résorber les mécanismes de reproduction sociale au sein de l’école et il est aussi le seul capable de répondre à l’ambition d’une réelle démocratisation scolaire.