C’est un record auquel nous avons assisté lors de ce deuxième tour. Pas celui du nombre pléthorique de député-es En Marche. Mais celui du chiffre de l’abstention.
57,4 % ! Chiffre auquel il faut ajouter les votes blancs et nuls.
Cette abstention est profondément révélatrice.
Même si les raisons qui ont pu y conduire les un-es et les autres ne sont pas les mêmes, il y a évidemment un sens politique fort dans la période. Il y a une légitimité « légale » à cette nouvelle assemblée, mais on peut se questionner sur sa légitimité démocratique. Les institutions de ce pays sont en crise profonde.
S’ils descendaient de l’Olympe, Emmanuel Macron et Edouard Philippe s’apercevraient que leur majorité gouvernementale ne correspond à aucune majorité dans le pays. Et de fait, ils devraient être plus modestes quant aux résultats obtenus et aux politiques envisagées.
Malheureusement, à l’Assemblée, le plus gros groupe, hors majorité présidentielle, sera celui de LR qui est favorable à un renforcement des mesures anti-sociales que compte mettre en œuvre ce gouvernement. Et, même avec beaucoup de bruits et de la détermination, les forces de gauche présentes dans l’hémicycle ne suffiront pas à faire reculer les uns et les autres.
Pourtant, les différents scrutins qui se sont succédés, avec une abstention toujours plus importante, émettent le même message : il n’y a ni plébiscite, ni blanc-seing.
Et l’état de sidération des forces sociales et syndicales ne durera pas, ne peut pas durer et ne doit pas durer !
La responsabilité que nous portons, avec nos syndicats, est trop importante pour que nous ne soyons pas à l’initiative, et que nous ne participions pas activement à l’émergence de mobilisations et de luttes dans un futur proche.
Car il n’y a aucun doute à avoir sur la caractérisation de ce gouvernement et des politiques mises en œuvre.
Premier exemple sur les questions sociétales et la situation intenable de migrant-es, particulièrement à Calais et dans la vallée de la Roya, qui ne trouve comme réponse que la ligne dure, prônée par le nouveau ministre de l’Intérieur, face aux drames qui se jouent : toujours plus de présence policière et de répression !
Sur le plan social, en ligne de mire : le projet de loi travail !
Sans conteste, la consultation mise en place par le gouvernement n’est rien d’autre qu’un jeu de dés pipés où les projets réels sont passés sous silence.
Le contenu et la méthode ne sauraient empêcher que les forces qui ont su se mobiliser contre la première « loi travail » se retrouvent, voire s’élargissent.
Des cadres de mobilisation émergent, qu’il faut peut-être rejoindre ou amplifier.
Parce que les batailles vont se succéder sur la question des retraites, sur celle de la CSG, sur les questions Fonction Publique et dans l’Éducation. La responsabilité première des organisations syndicales va être de décrypter le contenu des réformes envisagées et leurs conséquences pour que nous puissions entraîner une majorité de salarié-es et de citoyen-nes dans la résistance aux politiques libérales qui vont se succéder. ●
Judith Fouillard