Dans un contexte d’austérité imposée par les gouvernements pour régler la crise économique créée par les banques, cinq organisations syndicales – CGT, CFDT, FSU, Solidaires et UNSA- appellent à nouveau cette année à des « manifestations unitaires » le 1er mai.
Elles veulent faire entendre « l’exigence d’une vie meilleure, faite de justice sociale, du respect des droits fondamentaux, d’un travail décent, reconnu et valorisé » mais veulent exprimer également en cette journée de solidarité internationale du monde du travail, leur soutien aux populations arabes qui se battent pour la liberté et la dignité.
Cette unité syndicale redonne au 1er mai une dynamique de mobilisation. Ainsi, cette « journée internationale des travailleurs », devenue en France en 1941 « Fête du travail », puis jour chômé et rémunéré en 1947, redevient-elle non seulement une journée de célébration, mais surtout une journée de revendications, si ce n’est de lutte et de grève comme à ses origines.
A l’origine de cette date, la victoire de salariés nord-américains, le 1er mai 1886, pour l’instauration de la journée de travail de huit heures mais aussi les événements sanglants qui eurent lieu à Chicago à cette occasion (plusieurs morts lors d’une manifestation de grévistes et 7 syndicalistes anarchistes condamnés à mort sans preuve après l’explosion d’une bombe).
En 1889, à Paris, lors du congrès de la 2ème Internationale Socialiste, il est décidé de faire de chaque 1er mai une journée de manifestation avec pour objectif la réduction du travail quotidien à huit heures (soit 48 heures hebdomadaires, le dimanche seul étant chômé).
Célébré en mai 1890 dans la plupart des pays, avec des participations diverses, il devient après un autre drame, celui de Fourmies dans le nord de la France, le 1er mai 1891, un symbole de la lutte des classes et de l’identité du monde ouvrier. Nombreux sont alors les ouvriers qui, le 1er mai, chôment pour aller manifester, en sachant pourtant qu’ils seront ainsi licenciés le 2 mai.
Chômée et payée dans certains pays, seulement célébrée dans d’autres, cette journée (qui n’est pas la « fête du travail ») est l’occasion d’exprimer de manière symbolique, par un défilé sur la place publique, la solidarité des ouvriers salariés et leur identité comme classe sociale. Bien que le terme de lutte des classes ait quelque peu disparu du champ revendicatif syndical, cette journée garde pourtant toute sa signification pour montrer que les travailleuses et les travailleurs salarié(e)s sont toujours une force sociale.
« Aussi longtemps que la lutte des travailleurs contre la bourgeoisie et les classes dominantes continuera, aussi longtemps que toutes les revendications ne seront pas satisfaites, le 1er mai sera l’expression annuelle de ces revendications. Et, quand des jours meilleurs se lèveront, quand la classe ouvrière du monde aura gagné sa délivrance, alors l’humanité fêtera probablement aussi le 1er mai, en l’honneur des luttes acharnées et des nombreuses souffrances du passé ».
Rosa Luxemburg,
Sprawa Robotnicza (8 février 1894)