intervention de Laurence Pontzeele au Conseil National de la FSU-SNUIPP – septembre 2023 –
Qu’est-ce qui a subi 4 réformes entre 2010 et 2021 sans qu’aucun bilan n’ait jamais été tiré ? La formation initiale. Et à en croire le chef de l’état, ou devrais-je dire notre nouveau superministre, une nouvelle réforme se profilerait avec un recrutement post bac.
Il souhaite également le retour des « bonnes vieilles écoles normales ». Donc hors de l’université ? Dispensant des pratiques normalisées ?
Cette réforme pourrait ne concerner que le 1er degré. Il est trop tôt pour le dire mais comment ne pas faire le lien avec les PPPE? Vous savez, ces parcours préparatoires au professorat des écoles qui proposent une licence en 3 ans MAIS constitués pour moitié par des cours dispensés par des prof·es du 2nd degré au lycée ! Mis en place en 2021, les premier·es étudiant·es entrent donc en L3 cette année. Ces parcours n’ont rien à voir avec nos pré-recrutements. Ils n’offrent aucune rémunération, ne sécurisent pas le parcours des étudiant·es et en plus, appauvrissent leur formation universitaire.
A la FSU-SNUipp, nous avons construit ensemble un projet cohérent. Des pré-recrutements dès la L1, intégrant des critères sociaux et dont la rémunération serait suffisante pour obtenir diplôme et concours, sans contrepartie d’emploi dans les écoles et ouvrant droit à la retraite. Ils permettraient d’élargir le vivier, de sécuriser les parcours et de démocratiser l’accès au métier. Le recrutement en L3 suivi de deux années de formation pleine et entière reconnues par un master permettrait aux stagiaires d’être débarrassé·es des contraintes du concours et de construire leur professionnalité adossée aux recherches avec des allers-retours entre le terrain et l’université. Iels pourraient alors plus aisément se projeter dans le métier, endosser une posture professionnelle. Ces 2 années de formation aux gestes et pratiques professionnelles dont sont privé·es actuellement les entrant·es constituent une entrée progressive dans le métier et sont une des clés de l’agir enseignant.
Il nous faut, très vite, remettre en avant ce projet dans sa globalité pour démocratiser l’école mais aussi l’accès au métier enseignant.
Il va donc falloir convaincre. A commencer au sein de notre fédération, au prochain CDFN. Se préparer à contrer les arguments, notamment en matière de rémunération. Parce que non, il n’y a pas d’automaticité entre niveau de recrutement et niveau de rémunération. L’indice de début de carrière a-t-il augmenté avec le recul de la place du concours ? Non ! Nous portons un haut niveau d’exigence en matière de niveau de diplôme, Bac+5.
La crise d’attractivité que nous dénonçons depuis 10 ans a aujourd’hui éclaté aux yeux de toustes. Le projet de réforme ne vise pas à l’enrayer mais au contraire fera des enseignant·es des exécutant·es inféodé·es au libéralisme. La FSU-SNUIPP doit porter le nécessaire travail fédéral, seul à même de permettre une opposition unitaire au projet macronien. Ainsi, il nous faut mettre en avant ce qui fait commun au sein de la FSU et en faire des lignes rouges : enseigner est un métier qui s’apprend à l’université et pas uniquement en faisant classe, la formation universitaire doit être validée par un Master, un non décrochage premier et second degré, des stages pensés selon un principe de formation et non pour régler les vacances de postes, une vraie revalorisation salariale correspondant au niveau de qualification BAC+5 et une prise en compte des années d’étude dans le calcul de la retraite.
C’est en mettant tout cela en avant que nous parviendrons à porter une opposition unitaire à cette réforme réactionnaire.