- Intervention de Marie Haye au CDFN de novembre 2022
En mai 2021, E. Philippe égrainait une série de réformes qu’il venait d’imposer : « Et ça passe ! », répétait-il à la fois surpris et satisfait. Rien que dans l’Éducation la liste est longue des réformes en forme de casse et de démantèlement qui sont « passées » lors du précédent quinquennat : bac, lycée général, sélection à l’entrée dans le supérieur, loi Rihac, entrée dans le métier, enseignement adapté…
Mais les néolibéraux qui nous gouvernent n’entendent pas s’arrêter en si bon chemin, déjà bien balisé par leurs prédécesseurs :
– alors que plus personne ne nie la faiblesse des salaires dans notre secteur, le succès de la pétition de la FSU-SNUIPP en atteste, le ministère conditionne la revalorisation attendue et nécessaire à du travail supplémentaire. Ce « nouveau pacte » se heurte à la réalité d’un temps de travail déjà très important (plus de 43h hebdomadaires), mais cela ne fait pas peur au gouvernement qui y voit peut-être même l’occasion d’économies substantielles, puisque de nombreux·ses collègues ne pourront pas assurer en plus de tout le reste les tâches évoquées par Macron dans sa lettre aux enseignant·es.
– pour aller encore plus loin dans la mise en concurrence, la baisse des moyens et la caporalisation sous couvert d’autonomie, les « concertations » locales dans le cadre du Conseil National de la « Refondation » et le fonds d’innovation pédagogique font suite aux évaluations des écoles et établissements, et à l’expérimentation marseillaise.
– quant au projet de casse de la voie pro, elle-même suit à une série de réformes qui l’ont déjà considérablement fragilisée. Alors que les familles populaires aspirent aux études supérieures (et à la diplomation au niveau licence) pour leurs enfants, surreprésenté·es dans la voie pro, le projet du gouvernement va considérablement limiter leurs possibilités de poursuites d’études à l’Université alors que celle-ci, en tant que service public, a vocation à les accueillir. Il y a une forme de contradiction dans le fait de défendre d’une part l’accès de droit à l’Université pour toutes et tous les bachelier·ères, et de l’autre, à défendre l’existence de trois voies au lycée très hiérarchisées socialement et scolairement. A terme donc, il faudra revendiquer une forme de rapprochement des trois voies par une culture commune ambitieuse.
L’ensemble de cette politique éducative cohérente s’inscrit dans la lignée de la loi Fillon et de l’école du socle. C’est le renoncement à l’ambition scolaire pour toutes et tous, au profit d’une école qui ne viserait plus que l’employabilité, la plus rapide possible pour les enfants des milieux populaires.
De la maternelle à l’Université, la FSU doit construire avec l’ensemble de ses syndicats une stratégie concertée de mobilisations de l’ensemble de la communauté éducative, parents compris, pour s’opposer à la continuité et au renforcement de cette politique libérale. Cela passera par des campagnes d’opinion et des revendications autour de l’idée que ce sont les conditions de travail des personnels qui font les conditions d’étude : baisse du temps de travail et du nombre d’élèves par classe, augmentation des salaires et du nombre de postes de titulaires y compris remplaçant·es…
La mobilisation du 17 novembre est l’occasion de mettre un coup d’accélérateur, et la campagne des élections pros de donner de l’écho à nos revendications, avec en perspective la construction d’une grève si possible unitaire en janvier, d’autant que 2000 suppressions de postes sont encore prévues dans le prochain budget passé à coup de 49-3.