Depuis des mois, le climat politique est inquiétant, pour ne pas dire nauséabond en ce qu’il véhicule des interventions autoritaires, xénophobes, liberticides, voire putschistes…
Ce qui les relie, c’est la matrice de l’Extrême Droite et de ses idées qui gagnent du terrain, dans l’espace médiatique, la bataille pour l’hégémonie.
Des organisations et collectifs, dont la FSU, ont informé et mobilisé face à la dangerosité de la « loi pour une sécurité globale préservant les libertés ». Des mobilisations conséquentes et répétées ont eu lieu face à ce que chacune et chacun perçoit comme une attaque profonde aux libertés.
Or, cette loi est le produit du mariage incestueux des velléités sécuritaires et autoritaires du gouvernement et des revendications d’organisations syndicales policières gangrenées par l’Extrême droite et ses idées. Ce sont elles qui ont organisé, le 19 mai dernier, devant l’Assemblée Nationale, un rassemblement aux allures de coup de force antidémocratique. Ses représentant·es y ont réduit les problèmes liés à la politique de maintien d’un certain ordre comme des agressions envers les forces de police par la phrase : « Le problème de la police, c’est la justice ! »
C’est dans ce contexte que le Conseil constitutionnel vient de rendre sa décision de censurer l’ex-article 24. Appuyons-nous dessus pour démontrer que l’engagement déterminé d’un spectre large de la société peut faire réellement bouger les lignes, face à la répression et au risque d’un État policier dont la perspective se construit sous nos yeux.
Cette censure est une défaite tant pour le gouvernement que pour les instigateur·trices du rassemblement du 19 mai. Ce projet de loi est directement issu du livre blanc de la police véritable projet d’une société ultrasécuritaire qui banaliserait une surveillance de masse poussée à son paroxysme.
Quant aux deux tribunes de militaires, elles montrent la disponibilité d’une partie au moins des forces armées pour l’installation durable au pouvoir de l’extrême-droite ou de toute organisation qui en reprendrait le programme ou les idées.
La banalisation des idées d’extrême droite produit des effets concrets et ne doit rien au hasard. Ce gouvernement cherche à enfermer le débat sur ces thématiques permettant ainsi de rassurer une partie de l’électorat à sa droite tout en continuant à s’afficher comme le seul rempart à l’ED.
Les agressions verbales, physiques se multiplient quand ce ne sont pas des attaques organisées par des groupuscules identitaires (à Angers et Nantes ce week-end) et indiquent qu’un cap a été franchi. Tout en poursuivant le travail quotidien , le décryptage du programme de l’extrême droite, comme défavorable aux intérêts de la majorité, la FSU doit résolument s’impliquer dans les mobilisations progressistes, antiracistes et sociales qui pourraient surgir, comme elle le fait le 12 juin. Cette journée sera un levier important pour inverser le cours des choses et amorcer des mobilisations importantes qui feront entendre les aspirations largement partagées à plus d’égalité et de justice et le refus d’une société autoritaire et policière. Elle peut être une première étape pour construire dans la durée à la condition que l’on réussisse cette mobilisation. Au delà des interrogations que la FSU a pu avoir sur ce calendrier, aujourd’hui est le temps de la mobilisation de toute la FSU pour réussir cette journée.
Si cette volonté politique de cadenasser le débat démocratique en l’enfermant dans des questions sécuritaires semble ouvrir un avenir sombre, elle peut et doit être combattue de façon unitaire, dans l’action pour faire surgir la question sociale et poursuivre la lutte contre toutes les discriminations et en défense des libertés.