édito de la Revue 97
La période actuelle est bien différente de la rentrée qui avait suivi l’accession au pouvoir de Macron en 2017. Le gouvernement a beau faire comme si de rien n’était en égrenant les priorités, chantiers et autres réformes à venir, ne pas avoir de majorité à l’Assemblée nationale le fragilise.
Pour contourner cette difficulté, il recycle deux techniques : le 49-3, dont l’utilisation est évoquée avant même la reprise des travaux du Parlement et le débat citoyen ! Après la convention citoyenne pour le climat (dont on se rappelle la non prise en compte) et les cahiers de doléances rédigés suite à la crise des gilets jaunes (rangés au fond d’un placard), le lancement du conseil national de la refondation a fait pschitt et une consultation en ligne est annoncée. Il n’y a rien à en attendre, ces débats ne sont qu’illusion et démagogie d’un pouvoir autoritaire qui décrédibilise le rôle du Parlement.
Une rentrée difficile aussi pour les salarié·es, étudiant·es, privé·es d’emploi, retraité·es avec une inflation qui, mois après mois, n’en finit plus de grimper. L’augmentation du coût des énergies, des loyers, des produits du quotidien rend les fins de mois de plus en plus compliquées.
Cette tension remet en lumière la question de la répartition des richesses entre capital et travail. Comment accepter plus longtemps que les actionnaires bénéficient d’une augmentation 32,7 % de leurs dividendes (soit 44,3 milliards d’euros versés par les entreprises françaises au 2ème trimestre 2022) tandis que les salarié·es doivent se contenter de 2,5 à 3,5 % de plus selon les négociations de branches…
Cette situation, intenable socialement, a poussé le gouvernement à faire voter une loi « pouvoir d’achat ». Pas de mesures significatives au programme. Le Smic à 1 500 euros net ou la taxation des super-profits ont été recalés, le gouvernement préférant appeler les patrons à augmenter les salaires… Et les coups de pouce accordés pour l’énergie ou l’alimentaire cachent des mesures anti-sociales. C’est le cas par exemple de la monétisation des RTT qui, sous couvert de rendre du pouvoir d’achat, amorce la fin des 35 h et, du fait de défiscalisation et désocialisation, assèche les ressources de l’état et de la Sécurité sociale.
Les urgences s’accumulent : salaires, inaction climatique du gouvernement malgré un été qui a rendu visible les conséquences du changement climatique, nouvelle réforme de l’assurance chômage alors qu’aucun bilan n’a été fait de la précédente réforme, entrée en vigueur il y a moins d’un an… À cela s’ajoute la volonté de passage en force sur une réforme des retraites. Tout nouveau recul de l’âge de départ ou allongement de la durée d’assurance est inacceptable, d’autant que le rapport du COR n’en démontre pas la nécessité.
Dans un tel contexte, faire reculer le gouvernement est essentiel et passe par la mobilisation de toutes et tous dans la rue. Le 29 septembre est la première étape de cette mobilisation longue que nous devons construire. ●
Émilie Moreau